L’âge d’or des patrons maliens
Le pays affiche la plus forte croissance de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. Un essor qu’il doit notamment au dynamisme de jeunes chefs d’entreprise maliens, dans tous les secteurs.
Mali : en route pour 2012
« Les opportunités de croissance et de développement d’entreprises sont nombreuses. Elles sont favorisées par la stabilité politique, souligne Amadou Sangaré, senior manager chez Deloitte France, inscrit à l’ordre des experts-comptables du Mali. Et, en outre, la culture entrepreneuriale des Maliens est à l’origine du dynamisme perceptible dans tous les secteurs. Cela dit, le gouvernement ne promeut pas assez certaines filières minières (fer, manganèse, bauxite…), qui sont pourtant d’importants réservoirs de croissance. »
En juillet 2010, le Mali a obtenu le satisfecit des experts du FMI venus s’enquérir de la santé d’une économie qui devrait croître de 5,1 % en 2010 (contre 4,4 % en 2009). Selon eux, le pays a bien résisté à la crise internationale, notamment grâce à l’or, la première ressource, dont les cours ont atteint les plus hauts niveaux en 2009.
Bonne image auprès des bailleurs de fonds
Avec une inflation maîtrisée à 2 % et un déficit budgétaire de 1,6 %, le Mali fait aussi figure de bon élève de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), puisqu’il respecte la plupart des six critères de convergence. Cette bonne image auprès des bailleurs de fonds se traduit par une hausse de l’appui budgétaire. « De 158 milliards de F CFA [près de 241 millions d’euros, NDLR] en 2009, il atteignait déjà 140 milliards en août 2010 », selon Sanoussi Touré, ministre de l’Économie et des Finances. En outre, la vente en juillet 2009 de 51 % de l’opérateur historique de téléphonie, la Sotelma, à Maroc Télécom, pour 180 milliards de F CFA, a permis de payer une partie de la dette intérieure, évaluée à une centaine de milliards de francs CFA.
Autre moteur de l’économie derrière le métal jaune, l’agriculture connaît un réel regain d’intérêt de la part d’investisseurs nationaux et internationaux, grâce à une politique volontariste de subvention des intrants et de facilités pour l’obtention de terres. Alliée à une bonne pluviométrie, cette politique devrait permettre d’atteindre une production évaluée à 7,5 millions de tonnes de céréales (riz, maïs, mil…) pour la campagne 2010-2011, confirmant ainsi la vocation du Mali à devenir le grenier de la sous-région.
Même le coton, autrefois délaissé par les paysans à cause de cours mondiaux en berne, connaîtra une bonne récolte avec environ 300 000 t. Sans atteindre les 600 000 tonnes de 2003 (qui faisaient du Mali le premier producteur au sud du Sahara), ce contexte de hausse des cours rend favorable la finalisation de la privatisation de cette filière.
Une culture entrepreneuriale
Les récentes infrastructures – cité administrative, échangeur et troisième pont de Bamako –, dont la plupart ont été inaugurées en septembre pour le cinquantenaire de l’indépendance, ont aussi favorisé la croissance du pays. Laissant cependant certains chefs d’entreprises quelque peu frustrés. « Ces réalisations effectuées par des entreprises chinoises laissent peu de valeur ajoutée dans le pays et ne favorisent pas les transferts de technologie », estime Djiby Keita, entrepreneur en BTP.
Il reste au gouvernement à mettre en place les conditions du développement d’acteurs nationaux forts, dans tous les secteurs de l’économie, en pariant sur le dynamisme entrepreneurial et en continuant d’améliorer le climat des affaires. Dans le classement « Doing Business » 2010 de la Banque mondiale, le Mali a gagné six places. Mais il n’est encore qu’au 156e rang sur 183 pays.
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