Censure fort de café pour l’acteur Mehran Modiri

Déjà discréditée, la télévision d’État a aggravé son cas en suspendant la diffusion de Café noir, un feuilleton populaire au scénario particulièrement sensible. Mais grâce à son acteur principal, Mehran Modiri, la série a été diffusée en DVD dans tout le pays.

L’acteur iranien Mehran Modiri a contourné la censure iranienne. © iractor.blogfa.com

L’acteur iranien Mehran Modiri a contourné la censure iranienne. © iractor.blogfa.com

Publié le 20 octobre 2010 Lecture : 2 minutes.

Depuis qu’elle a suspendu la diffusion d’un feuilleton dont la vedette est l’un des acteurs les plus populaires du pays, la télévision publique iranienne traverse une grave crise de légitimité. Il faut dire que le scénario de Café noir, dont Mehran Modiri a tourné trente épisodes, est sensible : c’est l’histoire de cinq ans de pouvoir d’un régime dictatorial et incompétent dont les erreurs ont été gommées des manuels d’histoire.

Par défiance, Modiri a décidé de mettre en vente tous les épisodes en DVD et lancé une campagne d’affichage sur les murs de Téhéran. C’est ainsi que la série a trouvé malgré tout le chemin des foyers iraniens. « C’est la première fois qu’une “chaîne privée” est créée en Iran et s’oppose au monopole d’État », note un observateur. Le régime semble en tout cas plus prudent avec les personnalités sportives et médiatiques qu’avec ses opposants, comme le prouve sa décision de ne pas retirer les affiches de Café noir. Un demi-million de DVD de la série auraient été écoulés dès le premier jour, pour 12,5 milliards de rials (1,2 million de dollars).

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Audience en berne

Discréditée depuis qu’elle a prétendu que la réélection d’Ahmadinejad en 2009 avait été régulière, la télévision publique a vu son audience chuter. Selon des estimations officielles, elle a perdu 40 % de téléspectateurs depuis qu’elle a retransmis les « confessions » de journalistes et d’hommes politiques.

La Constitution accordant à l’État un monopole sur la télévision, les Iraniens se tournent de plus en plus vers les chaînes satellitaires étrangères, notamment BBC Persian et La Voix de l’Amérique. La télévision d’État a essayé de lancer ses propres chaînes en anglais et en arabe, mais, comme le dit Hamid Baghaei, vice-président iranien et président de l’Organisation du patrimoine culturel, du tourisme et de l’artisanat, qui a lui-même déclaré que son ministère ferait de la publicité sur des chaînes comme Al-Jazira, « qui regarde encore la télé iranienne ? »

© Financial Times et Jeune Afrique 2010. Tous droits réservés.

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