Les mille et une vies de Momo Dridi

Champion atypique aux multiples casquettes, le boxeur franco-tunisien remonte sur le ring le 10 novembre. Enjeu du combat : un titre mondial WBF des lourds-légers.

À 42 ans, Mohamed Dridi rêve d’un nouveau sacre devant le public tunisien. © Vincent Fournier pour J.A.

À 42 ans, Mohamed Dridi rêve d’un nouveau sacre devant le public tunisien. © Vincent Fournier pour J.A.

Publié le 28 octobre 2010 Lecture : 3 minutes.

Champion du monde de kick­boxing avec quatre ceintures différentes (WKC, WKA, Wako-Pro, WKN), le Franco-Tunisien Mohamed Dridi, alias Momo, affiche 77 victoires, dont 76 par KO, pour 77 combats. Trois ans après un premier come-back, il remontera sur le ring le 10 novembre, à Tunis, pour un combat de boxe anglaise organisé par Azzeddine Ben Yacoub. « C’est un peu symbolique, une manière de boucler la boucle », confie Momo, 42 ans. L’enjeu de ce combat ? Rien moins qu’un titre mondial WBF des lourds-légers qui pourrait le conduire à affronter Evander Holyfield, à Las Vegas. Ce serait une belle revanche pour ce boxeur qu’American Airlines avait privé, en 2007, de cinq combats au sommet à Miami en l’empêchant d’embarquer à temps.

Alors que sa biographie, Momo le Turbulent. De la « voyoucratie » à la jet-set, parue en 2004 chez Michel Lafon, est en cours d’adaptation télévisée par une chaîne du câble, il publiera, au printemps 2011, son second livre, Si je dérange, toujours aux éditions Lafon, dans lequel il revient sur son parcours, dénonce les tentatives de récupération et expose les raisons de l’échec des hommes politiques français sur le terrain. Momo sait de quoi il parle : une première tentative d’intégrer une fonction municipale, en 2008, à Nice, avec Christian Estrosi, et une autre, à Vichy, avec Michel Charasse l’ont convaincu que la « diversité » est avant tout un argument marketing, entaché d’arrière-pensées électorales. Certain que le sport est un élément déterminant dans la construction personnelle et l’intégration des jeunes en manque de repères, Momo a créé une association de réinsertion par le sport. Sa notoriété et ses origines lui permettent d’asseoir les bases d’un dialogue avec les jeunes et de promouvoir une sorte de salut par le sport.

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Impressionnante boule de muscles au regard revolver et au verbe percutant, Momo n’a pas toujours été un ange, mais il réserve l’esquive au ring et assume son passé tumultueux. Ses performances sportives, son aptitude à rebondir et sa gouaille font l’admiration des Tunisiens. « Momo, c’est un peu du rêve tunisien, il est devenu une figure de l’émigration réussie, pas seulement sur le plan sportif ; son changement de cap, alors qu’il aurait pu mal tourner, en fait une sorte d’exemple », déclare Slah, un Tunisien passionné de boxe. L’histoire de Momo a en effet de quoi faire pleurer dans les chaumières. À sa naissance, à Bab Souika, quartier populaire de Tunis, en avril 1968, il est déjà orphelin de père. Sa mère, dans la précarité la plus totale, le vend à son oncle paternel, qui l’élèvera en France. Lors d’une brouille familiale, Momo prend son premier uppercut en découvrant la vérité. Le môme de 11 ans, un peu paumé, enchaîne les fugues et devient un « bad boy » des bacs à sable. De vols en cambriolages, il finit par entrer dans le milieu, qui le surnomme Momo le Turbulent. Un passage chez les paras durant la guerre du Liban achève de l’endurcir.

Rédemption

Mais pour tout cela il y a prescription. L’ex-caïd, autrefois fiché au « top 10 » du grand banditisme, s’est racheté une conduite. Momo a trouvé sa rédemption à travers le sport. Mis sous le feu des projecteurs par ses amitiés du ring, il fréquente la jet-set et les people de la nuit, tels que Massimo Gargia, Ivana Trump ou encore Cerrone. « Quand on a goûté à la lumière, on a du mal à la quitter », reconnaît Momo, qui fait quelques rounds au cinéma (La Mentale, de Manuel Boursinhac) et dans des téléfilms (Brûlez Rome et Saint Pierre, avec Omar Sharif, et deux Nestor Burma, sous la direction de Jean-Pierre Mocky).

C’est dans l’ombre qu’il a cependant composé la prestation qui l’émeut le plus en se découvrant une vocation de papa poule à la naissance de son fils. Ce père célibataire qui marie plusieurs vies est prêt à tout sacrifier pour Sofiane, 19 ans, qui entame une carrière prometteuse dans le football à Boulogne-Billancourt et qui prépare son bac. « Je calque ma vie sur la carrière du gamin. Je m’adapte, c’est lui la priorité. »

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