Mbarushimana, un ex-agent du Pnud dans les filets de la CPI
La Cour pénale internationale avait lancé un mandat d’arrêt contre lui. L’un des leaders de la rébellion rwandaise, Callixte Mbarushimana, a été arrêté à Paris le 11 octobre.
Et de trois. Après Ignace Murwanashyaka et Straton Musoni, président et vice-président des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), appréhendés par la justice allemande en novembre 2009, c’est Callixte Mbarushimana, leur secrétaire exécutif, qui a été arrêté à Paris, le 11 octobre. Les rebelles rwandais, qui terrorisent l’est de la RD Congo, n’ont donc plus de leader politique.
Mbarushimana est poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI), et c’est la première fois que celle-ci fait arrêter un haut responsable des FDLR pour des crimes « commis à grande échelle dans les provinces du Kivu », dans l’est de la RD Congo. Onze chefs d’accusation sont retenus contre lui, dont 6 de crimes de guerre et 5 de crimes contre l’humanité : Mbarushimana devra notamment répondre des viols, des meurtres, des persécutions à caractère sexiste et des destructions de biens auxquels se sont livrés les rebelles rwandais en 2009 et 2010. « Des crimes d’une rare violence, et visant des populations faibles, ont été commis dans le Kivu », affirme Amady Ba, magistrat sénégalais, actuellement chef de la coopération au bureau du procureur de la CPI. « Il fallait arrêter ces souffrances, cette catastrophe humanitaire. Nous avons estimé, au terme d’une enquête de deux ans, que Callixte Mbarushimana et d’autres ont joué un rôle dans la planification de tous ces crimes. Celui qui commet l’acte est tout aussi coupable que le donneur d’ordre. » En 2009, 15 000 cas de violences sexuelles ont été signalés dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu. En août, 300 viols imputés aux FDLR ont également été recensés.
À 48 ans, Callixte Mbarushimana, informaticien de formation, n’en est pas à ses premiers démêlés avec la justice. Ancien agent du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) au Rwanda, dans les années 1990, puis en Angola et au Kosovo, il est accusé par Kigali d’avoir indiqué aux miliciens Interahamwes où se cachaient ses collègues tutsis, en 1994 (une trentaine de personnes avaient été tuées). Ce que l’intéressé a toujours nié. Traduit devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), à Arusha, il n’a jamais été poursuivi, « faute de preuves », avait à l’époque estimé la procureure Carla Del Ponte.
Incendiaire
C’est en 2003, année où il obtient le statut de réfugié politique en France, que Mbarushimana rejoint les rangs des FDLR. « Son action a été néfaste, négative, affirme un membre fondateur du mouvement rebelle. À cause de son amateurisme, de sa haine des autres et de ses communiqués incendiaires, il a contribué à ternir notre image. »
Selon Amady Ba, le cas Mbarushimana n’est que la première étape d’un long processus. « Des mandats seront émis contre d’autres chefs des FDLR, souligne-t-il. En touchant le secrétaire exécutif, nous misons d’abord sur l’impact que cela aura sur le terrain. Nous voulons les pousser à la démobilisation. »â
La CPI met par ailleurs la pression sur Kinshasa pour qu’il livre Bosco Ntaganda, l’ancien chef militaire de Laurent Nkunda. Promu général de l’armée congolaise, il aurait commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité en Ituri, autre province de l’est de la RD Congo.
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