Pour le FMI, l’Afrique est repartie
Les chiffres publiés par l’institution soulignent le retour à une croissance de 5 % en 2010. Les politiques macroéconomiques saines mises en place par la plupart des États avant la crise n’y sont pas étrangères.
Du nord au sud, blanche ou noire, l’Afrique est repartie. Fini les récessions de l’année 2009 au Gabon, au Botswana ou en Afrique du Sud ! Les chiffres et les commentaires publiés par le Fonds monétaire international (FMI) à Washington, mercredi 6 octobre, sont éloquents : le Maghreb (Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie et Libye), qui croissait de 2,4 % en 2009, est passé à la vitesse supérieure et devrait progresser de 5 % en 2010 et de 4,6 % en 2011. L’Égypte accélère : 4,7 % en 2009, 5,3 % en 2010 et 5,5 % en 2011.
En Afrique subsaharienne (5 % en 2010 et 5,5 % en 2011), la pluie de chiffres favorables est tout aussi spectaculaire. On y trouve bien sûr des « petites Chine » : les champions pétroliers comme le Congo (10,6 % cette année) ou le Nigeria (7,4 %), mais aussi les nations les plus pauvres comme l’Éthiopie (8,5 % en 2011) ou la Tanzanie (6,7 %). Malgré son instabilité politique chronique, la Côte d’Ivoire affiche un 4 % tout à fait honorable. Les seules économies du continent qui croissent à un rythme « à l’européenne », inférieur à 2 %, sont Madagascar et la Guinée équatoriale.
Remèdes de cheval
Cette santé florissante s’explique d’abord « par les bonnes politiques macroéconomiques mises en place avant la crise et qui ont dégagé des capacités budgétaires pour contrer le ralentissement », a analysé Rupa Duttagupta, du département recherche du FMI. Autrement dit, les processus d’ajustement et les remèdes de cheval appliqués en Afrique par le Fonds et la Banque mondiale n’ont pas eu que des inconvénients. Ils ont contribué à réduire la dette africaine et à faire adopter par les gouvernements des comportements budgétaires plus vertueux qui leur ont permis d’accumuler des réserves bienvenues aujourd’hui.
Si l’Afrique a traversé en un an seulement la crise la plus grave depuis près d’un siècle, si elle s’est relevée aussi vite, c’est que les États ont eu les moyens d’amortir ses effets. La liste dressée par la Banque mondiale des politiques contracycliques pratiquées sur le continent est riche. Le Ghana a lancé un programme de versements de liquidités en faveur des plus défavorisés et des travaux d’utilité publique pour combattre l’insécurité alimentaire. La Tanzanie a contré la chute des cours du coton et du café grâce à un programme de soutien représentant 0,5 % du produit intérieur brut. Le Burkina Faso et le Mali lui ont emboîté le pas. L’Afrique du Sud a augmenté les salaires de la fonction publique et donné la priorité aux budgets de l’éducation, de la protection sociale et de l’habitat.
Des experts optimistes
Tous ces efforts ont été épaulés par les institutions financières internationales, qui ont compensé les promesses non tenues des pays riches. La Banque mondiale, le FMI, la Banque africaine de développement (BAD), la Banque européenne d’investissements (BEI), l’Agence française de développement (AFD), et ses homologues allemande et britannique ont apporté les milliards de dollars qui étaient indispensables pour éviter au continent de s’effondrer sous le coup de la faillite des économies développées. Des milliards de dollars sont aussi venus de Chine, d’Inde et du Brésil, sous forme d’achats colossaux de matières premières (pétrole, fer, coton, cacao, manganèse, cuivre, etc.).
Les experts se disent optimistes. Même si les économies avancées connaîtront pendant deux ou trois ans une croissance languissante, la demande pour les richesses minières et agricoles de l’Afrique ne se démentira pas. Les investisseurs commencent à découvrir, comme l’affirme Obiageli Ezekwesili, vice-présidente de la Banque mondiale pour la région Afrique, que « le continent n’est pas aussi risqué qu’on le croit à Wall Street ».
Reste que la pauvreté a progressé. La Banque mondiale a calculé que la crise a empêché 20 millions d’Africains de sortir du dénuement (moins de 1,25 dollar par jour). La croissance – notamment au profit des plus pauvres – est plus que jamais d’une brûlante actualité.
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