Le monde de Pahé
Festival international de la bande dessinée d’Alger du 13 au 17 octobre, Forum de la satire d’Abidjan les 22 et 23… Le dessinateur gabonais est toujours sur la brèche. Et c’est ainsi que Pahé a construit ce monde plaisant qui lui a valu son succès.
Gabon : première année, premier bilan
Il y a des rencontres qui valent de l’or. Comme celle qui a lieu en 2004 entre Pierre Paquet, éditeur spécialisé dans la bande dessinée et établi en Suisse, et Patrick Essono Nkouna, alias Pahé, caricaturiste gabonais. Les deux hommes se découvrent lors du Festival de la caricature et de l’humour de Yaoundé (Fescarhy). Pahé est connu au Gabon pour ses coups de patte acides dans la presse (il a signé son premier dessin dans l’hebdomadaire Gabon libre en 1993), Pierre Paquet lui propose de signer pour trois albums de bandes dessinées.
De quoi peut bien parler le premier album d’un joyeux drille né à Bitam (nord du Gabon) « avec un crayon dans la main », qui a le chic pour vivre des histoires incroyables et manie la dérision avec un talent hors du commun ? De sa vie, pardi ! Bitam, le tome 1 de La Vie de Pahé, paraît en novembre 2006 (le deuxième opus, Paname, sort en 2008) et connaît un joli succès. À tel point qu’il est adapté en dessin animé pour la télévision. Diffusé sur France 3 et la RTBF fin 2009, Le Monde de Pahé sera, grâce à des accords particuliers, bientôt diffusé dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne francophone.
Pahé n’en revient toujours pas de son « super coup de bol » : « Il y a de grands auteurs de BD qui n’ont pas ma chance. Moi qui ne suis pas connu et même pas bancable, je me retrouve avec un dessin animé de 75 épisodes de sept minutes… Même Kirikou n’est pas aussi long ! Merci aux génies de la forêt équatoriale qui veillent sur moi », se réjouit l’humble auteur, qui ne manque pas de projets.
Dipoula 2, la suite des aventures du petit albinos, sortira aux éditions Paquet en fin d’année.
Ses deux amours
Il vient d’achever les dernières planches du tome 2 de Dipoula – qui sortira pour les fêtes de fin d’année –, une BD dont le personnage principal est un petit albinos victime de rejet à la fois chez les Blancs et chez les Noirs. Autre actualité pour le dessinateur, la parution, prévue en novembre, d’une BD politique, Ali 9, roi de la République gabonaise, qui raconte la présidentielle d’août 2009. Dans un registre plus historique, Pahé prépare avec un journaliste de la Télévision suisse romande (TSR), qui en sera le scénariste, une bande dessinée sur les circonstances de l’assassinat, en 1960, à Genève, de l’indépendantiste camerounais Félix Moumié.
Bédéiste désormais reconnu – quoi qu’il en dise –, Pahé n’abandonne pas ses premières amours : la caricature. « Un métier qui demande beaucoup de présence, d’énergie, car il faut faire passer un message en un seul dessin. J’adore ça ! » Et, pour partager en toute liberté sa passion, Pahé alimente généreusement son blog. S’y entrecroisent caricatures, dessins de presse et autres petits délires personnels, journal de ses nombreuses pérégrinations dans les festivals d’Afrique et d’Europe, quelques planches de ses prochains albums…
« De nombreuses rédactions au Gabon ne voulaient plus de mes dessins. Trop dangereux, à ce qu’il paraît. Par exemple, lorsque Rawiri, un ancien baron du régime, est décédé, en 2006, j’ai voulu placer un ou deux dessins dans des journaux dirigés par des potes. Leur réponse a été claire : on publie ça et c’est la fermeture assurée à vie du journal. Pour ne pas priver des familles gabonaises de leur gagne-pain, je me suis décidé à ouvrir un blog où je peux me lâcher sans crainte. » Et pour se lâcher, Pahé-le-blogueur se lâche !
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