La méthode Obama
Sud-Soudan : demain, l’indépendance ?
Le 24 septembre, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, le président américain offrait au Soudan une normalisation des relations en échange de la bonne tenue du référendum du 9 janvier prochain et de la résolution durable du conflit au Darfour. Si Khartoum n’obtempérait pas, il devrait faire face, selon Barack Obama, à un « isolement croissant ». Le bâton n’est, bien sûr, jamais loin de la carotte.
Cette initiative – qui concilie l’approche de la secrétaire d’État, Hillary Clinton, partisane du dialogue avec Khartoum, et la ligne dure, prônée par Susan Rice, ambassadrice des États-Unis à l’ONU – vient couronner le net regain diplomatique américain dans la région : doublement du personnel de leur mission à Juba et nomination en août d’un second envoyé spécial.
Il était temps. En plus de l’urgence sur le terrain, l’attentisme du président sur le dossier depuis son élection lui avait valu une volée de bois vert de la part des ONG américaines militant pour un engagement fort au Soudan. Ces dernières forment un arc très divers, des influentes associations de droits de l’homme proches d’Obama comme Enough Project ou Not On Our Watch, de George Clooney, aux organisations évangéliques – comme la Billy Graham Evangelistic Association, proche de l’ex-administration Bush – soutenant les populations chrétiennes du Sud contre le Nord musulman. Ces associations ont obtenu fin septembre une victoire au Sénat américain, avec le dépôt d’un projet de loi qui contraindrait Washington à aider le Sud-Soudan dans la construction d’un État, s’il venait à choisir son indépendance…
Obama fera-t-il aussi bien que son prédécesseur, George W. Bush, décisif dans l’accord de paix de 2005 ? Pas sûr. Pour beaucoup d’observateurs, le bâton américain n’est pas assez gros. La Maison Blanche est prête à geler les avoirs des dirigeants soudanais si Khartoum refusait le résultat du référendum, mais n’envisage pas de bombarder le pipeline qui transporte le pétrole du Sud. C’est pourtant selon l’éditorialiste N. Kristof la seule menace crédible. Celle-là même qui avait été brandie avec succès par l’administration Bush après les attaques du 11 Septembre pour contraindre le Soudan à partager ses renseignements sur Ben Laden.
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