Des Russes sur les rangs
À la recherche de 30 milliards de dollars pour absorber le coût de la marée noire provoquée par l’explosion de sa plateforme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique, la compagnie britannique BP n’a jamais caché son intention de vendre certains de ses actifs dans le monde. Et, parmi ceux-ci, sa filiale algérienne, dont le directeur général, Akli Brihi, vient de partir (voir p. 10).
L’affaire n’est pas si simple. L’Algérie, qui détient un droit de préemption à travers la société nationale des hydrocarbures Sonatrach, partenaire de BP sur des projets gaziers, dit étudier la demande du britannique. Mais ce dernier préférerait vendre à TNK-BP, sa coentreprise russe, dirigée par le milliardaire Mikhaïl Fridman. Le 5 octobre, son adjoint, Maxim Barsky, a confirmé les ambitions russes lors de la visite éclair du président Dmitri Medvedev à Alger, précisant que Vladimir Poutine, le Premier ministre, avait envoyé une lettre à son homologue algérien pour appuyer la candidature de TNK-BP. C’était compter sans Alexeï Miller, le patron de Gazprom – un autre géant russe. Ce proche de Poutine s’est empressé d’annoncer, dès le lendemain, qu’il était lui aussi disposé à acquérir BP Algérie.
« BP restera en Algérie », répète-t-on néanmoins au siège du groupe britannique, ce qui laisse penser que la compagnie n’entend pas céder ses trois permis d’exploration sur le bloc de Bourarhet. Selon Barsky, les actifs en jeu seraient les 18 milliards de m3 de gaz produits annuellement par les champs d’In Salah et In Amenas. Une manne estimée à 3 milliards de dollars, que TNK-BP se dit capable de payer seul. Reste à convaincre les autorités algériennes. TNK-BP et Gazprom ont d’ores et déjà proposé un partenariat à Sonatrach. Mais la décision du président algérien, Abdelaziz Bouteflika, pourrait se faire attendre. Principal fournisseur de gaz de l’Union européenne – avec la Russie –, Alger ménage Bruxelles, qui voit d’un mauvais œil ses tentatives de rapprochement avec Moscou.
