I&P invente l’investissement sociétal

Connue pour financer les entrepreneurs, la société Investisseurs & Partenaires veut aller encore plus loin et cible désormais les très petites entreprises. 

Jean-Michel est le président d’I&P

Jean-Michel est le président d’I&P

Publié le 30 mai 2013 Lecture : 3 minutes.

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Finance : au Nord, tous !

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La société de gestion présidée par Jean-Michel Severino, ex-dirigeant de l’Agence française de développement (AFD), s’est déjà fait un nom dans l’impact investing, une solution pour financer les activités économiques dont les répercussions sont censées être immédiates sur la population locale (lire l’encadré). Avec le fonds I&P Afrique Entrepreneurs (IPAE), un véhicule de financement qui vient d’être clôturé avec 54 millions d’euros au compteur, I&P a déjà réalisé 11 millions d’euros d’investissements dans une trentaine d’entreprises, pour un rendement moyen attendu d’environ 10 %.

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Mais I&P veut approcher les plus petites structures, celles dont les besoins vont de 50 000 à 300 000 euros. Pour cela, la société est en train d’insuffler une seconde vie à I&P Développement (IPDEV), son tout premier fonds, lancé en 2002 et fort de 11 millions d’euros. Une levée de 20 millions d’euros vient d’être approuvée par le conseil d’administration d’I&P. « Le projet est clair dans ses finalités et dans ses structures, mais le travail de levée de capitaux vient à peine de commencer », révèle Jean-Michel Severino.

L’une des particularités de ce véhicule réside dans son montage : IPDEV doit être relayé par des structures locales. Certaines sont déjà sur pied ou en passe de l’être. Ces fonds seront abondés simultanément par IPDEV et par des partenaires de la zone. Ainsi, au Burkina Faso, un véhicule en cours de finalisation bénéficiera de 1,5 million d’euros du holding IPDEV et a reçu la même somme d’investisseurs privés burkinabè. Au Niger, la structure locale, baptisée Sinergi, a déjà investi dans une dizaine de PME des tickets de 45 000 euros en moyenne. Et d’autres projets sont à l’étude, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. « Chacun de ces fonds sera géré par une équipe de professionnels locaux. Nous faisons tout le travail de montage juridique, la structuration de l’équipe, nous apportons une partie du capital et puis nous cherchons les investisseurs locaux », résume Jean-Michel Severino.

Rentabilités limitées

Un modèle qui ne va pas sans quelques contraintes. Pour ce segment, les rentabilités attendues sont plus basses, de l’ordre de 2 % à 4 %. « Il ne s’agit pas d’investissement philanthropique, mais plutôt sociétal. On cherche à préserver le patrimoine dans une logique de contribution au développement. Les investisseurs doivent être patients et déterminés », précise encore le directeur d’I&P. Les contributeurs sont d’abord des investisseurs privés, puis des fondations et des fonds RSE (responsabilité sociale des entreprises) de grandes entreprises. « La rentabilité proposée est trop faible pour les bailleurs de fonds traditionnels », remarque non sans malice Jean-Michel Severino. D’autre part, le fonds se destine vraiment à l’aide à la création : « Nous visons des entreprises très jeunes qui sortent à peine de l’informel. Les rentabilités sont nécessairement plus faibles et les activités plus risquées », poursuit-il. Pour fonctionner et couvrir des coûts de montage très élevés, le fonds souhaite obtenir des subventions : il faut compter entre 300 000 et 400 000 euros pour un fonds de 3 à 5 millions d’euros. Le président d’I&P évalue les besoins en subventions à 7 millions d’euros. Et compte sur l’aide des bailleurs de fonds… Nicolas Teisserenc 

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Premiers investissements, premières sorties 

Déployé à travers cinq bureaux en Afrique (Abidjan, Dakar, Accra, Douala et Antananarivo) en onze ans, I&P a investi dans trente sociétés, dont sept institutions de microfinance, dans une douzaine de pays africains (Cameroun, Côte d’Ivoire, Mali…). Les entreprises accompagnées par I&P emploient 1 400 salariés permanents. Tout récemment, l’investisseur en fonds propres a revendu à Danone sa participation dans La Laiterie du berger, au Sénégal. Cette PME, qui emploie 135 personnes, se fournit en lait frais auprès de 800 fermiers locaux et le distribue dans quelque 6 000 points de vente à des consommateurs modestes.

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