Un marché des occasions rentable

Bruxelles-Cotonou est l’un des principaux axes du commerce des voitures de seconde main entre l’Europe et l’Afrique. Malgré les frais et les réglementations, le business des occasions reste rentable. Explications.

Sur l’ensemble des voitures qui débarquent par an à Cotonou, 5 à 10 % restent dans le pays. © AFP

Sur l’ensemble des voitures qui débarquent par an à Cotonou, 5 à 10 % restent dans le pays. © AFP

Publié le 14 octobre 2010 Lecture : 2 minutes.

Automobile : nouveau moteur pour l’Afrique
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Automobile : nouveau moteur pour l’Afrique

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Le quartier de Cureghem, derrière la gare du Midi, à Bruxelles, est bien connu des vendeurs de voitures d’occasion. Venus de Belgique, d’Allemagne ou de France, ils y rencontrent leurs clients africains ou libanais, à moins qu’ils ne préfèrent céder leurs véhicules à des garagistes spécialisés qui servent d’intermédiaires entre les vendeurs et les acheteurs.

« Dans une même rue du quartier se côtoient des petits garages pouvant accueillir une douzaine de véhicules et des hangars dépassant la centaine de véhicules », raconte le sociologue belge Martin Rosenfeld, auteur d’un article sur « Le commerce d’exportation de voitures d’occasion entre Bruxelles et Cotonou », paru dans la revue universitaire des Cahiers de l’Urmis.

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4 millions de voitures par an

Une fois l’affaire conclue, les voitures quittent l’Europe via le port d’Anvers qui en voit ainsi transiter plus de 1 million par an, sur les 3 millions à 4 millions qui font chaque année le trajet de l’Europe vers l’Afrique. Les cargos, qui chargent jusqu’à 4 000 véhicules, sont souvent affrétés par des commerçants libanais qui embarquent leurs voitures et complètent avec celles d’autres importateurs. Les acheteurs les moins expérimentés confient les leurs à un consignataire qui se charge de toutes les formalités, et avancent les frais de transports et de dédouanement. Ils paieront ses services une fois les voitures arrivées au port de débarquement.

Achetée entre 450 et 3 000 euros, une voiture est revendue trois à quatre fois plus cher en Afrique. Mais les frais sont importants : plus de 500 euros pour le fret, auxquels s’ajoutent les taxes portuaires et douanières, qui représentent entre 10 % et 30 % de la valeur estimée du véhicule selon les pays – une manne pour les services fiscaux. Au Cameroun, les 80 000 voitures d’occasion importées chaque année rapportent officiellement 7 milliards de F CFA à l’État (environ 10,7 millions d’euros).

Plaque tournante

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La principale destination sur la côte ouest-africaine est Cotonou, véritable plaque tournante du commerce de voitures d’occasion pour l’Afrique de l’Ouest – l’Afrique de l’Est est quant à elle ravitaillée en véhicules venus du Japon via Mombasa, au Kenya. La capitale économique béninoise a cependant tendance à se faire rattraper par sa rivale togolaise, Lomé, suivie de Dakar, Douala et Libreville. Une fois débarqués, les véhicules sont stockés dans des parcs où les acheteurs viennent faire leur choix.

Sur une voiture achetée 1 200 euros en Europe et revendue 2,5 millions de F CFA en Afrique (soit 3 800 euros), le commerçant peut espérer une marge de 400 000 F CFA, une fois tous les frais payés. Un salaire de ministre pour celui qui a su éviter les très nombreux pièges qui ne manquent pas de se dresser sur son chemin : arnaques, problèmes douaniers, dépeçage du véhicule…

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Sur les 450 000 voitures débarquées chaque année à Cotonou en provenance d’Europe, 5 % à 10 % seulement restent dans le pays. L’essentiel part vers l’hinterland (Niger, Mali, etc.) et vers le Nigeria voisin. Quant aux invendus qui rouillent dans les garages, ils seront rachetés au poids par des ferrailleurs indiens. Expédiés en Inde ou au Pakistan, ils seront refondus pour servir à fabriquer, peut-être, de nouvelles voitures.

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