Dubaï lave plus blanc

De nombreux riches Afghans, parmi lesquels le propre frère du chef de l’État, investissent massivement dans l’émirat. Pas toujours pour de très honnêtes raisons.

Publié le 8 octobre 2010 Lecture : 2 minutes.

Dans le restaurant Shahista, à Dubaï, des Afghans en robe traditionnelle rompent le jeûne du ramadan. Les Mercedes garées devant l’établissement ne laissent place à aucune ambiguïté : il ne s’agit pas d’ouvriers travaillant sur quelque chantier, mais de happy few. Le restaurant est tenu par la famille Safi, un clan prospère qui a trouvé à Dubaï un environnement favorable aux affaires. L’émirat attire aujourd’hui les nouveaux riches comme un aimant. Nombre de ces derniers ont beaucoup investi dans l’immobilier, même si la crise financière a mis brutalement un terme au développement du secteur…

Un scandale touchant la Kabul Bank, l’organisme (privé) de crédit afghan, a mis en lumière les liens opaques unissant l’élite afghane aux pays du Golfe. Il est notamment apparu que plusieurs membres de la famille du président Hamid Karzaï et certains de ses alliés politiques étaient mêlés aux activités de la banque. Sherkhan Farnood, son directeur, par ailleurs soutien indéfectible du gouvernement afghan, s’est notamment laissé aller à utiliser les fonds de son établissement pour investir dans l’immobilier dubaïote. Et notamment dans des villas situées sur l’île artificielle de Palm Jumeirah. L’information a provoqué un vent de panique chez les clients de la Kabul Bank. Et le renvoi de Farnood.

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Frère du président et troisième actionnaire de la banque, Mahmoud Karzaï vit dans une villa en bord de mer, à Dubaï. « Lorsque les talibans ont pris le pouvoir à Kaboul, tous les gens qui avaient de l’argent sont partis, raconte-t-il. Ignorant ce qui les attendait, ils ont transféré leur argent ici. Certains parce qu’ils étaient corrompus, d’autres parce qu’ils avaient de vraies raisons économiques de le faire. » Pour faire taire les rumeurs, il s’apprête à quitter sa villa, achetée par Farnood. Mais il nie que les activités de sa famille dans la Kabul Bank aient eu quoi que ce soit d’illicite.

TRAFIC DE DROGUE ET CORRUPTION

Le scandale de la Kabul Bank n’est sans doute que la partie immergée de l’iceberg. Malgré l’effondrement du marché immobilier, la Chambre de commerce afghane estime à 10 milliards de dollars (environ 7,5 millions d’euros) par an le montant des flux financiers entre les deux pays. « Dubaï est la place bancaire la plus proche de l’Afghanistan, explique un spécialiste. Une grande partie de l’argent qui y est investi provient de la drogue, de l’extorsion de fonds ou de la corruption. »

Des hommes d’affaires depuis longtemps installés dans les émirats tentent de rentrer en Afghanistan, mais sont vite échaudés. « À la seconde ils mettent le pied à Kaboul, ils se retrouvent embringués dans les histoires politiques locales, raconte un homme d’affaires. Beaucoup font du commerce en Afghanistan, mais n’en peuvent plus de la corruption. Il ne s’agit même plus de pots-de-vin, c’est carrément du racket. »

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