Sakombi, héraut repenti
L’ancien ministre de l’Information de Mobutu, devenu pasteur sur le tard, est décédé à Kinshasa le 28 septembre.
De tous les hommes politiques de ce qui fut le Zaïre, Dominique Sakombi Inongo, mort le 28 septembre à Kinshasa à l’âge de 70 ans, constitue un cas à part. Ministre de l’Information à 30 ans (il dirigera cinq fois le ministère), il devient l’un des piliers du régime du maréchal Mobutu grâce à un bagout sans pareil, un sens de l’emphase poussé à l’extrême, un zèle débordant et un art parfait de la séduction – le propre des démagogues. Son parcours sera celui d’un enfant gâté qui peut tout se permettre, jusqu’à ce générique du journal télévisé où un Mobutu quasi déifié apparaît entouré de nuages.
En 1972, le Zaïre est en plein « recours à l’authenticité ». Sakombi Inongo est nommé secrétaire général du parti unique chargé de la Propagande, de la Presse et de l’Information. Un rôle sur mesure qui lui permet, pendant un an, de relayer la bonne nouvelle de la « révolution zaïroise authentique ». Et, surtout, de convaincre les militants de resserrer les rangs derrière le guide Mobutu. S’il n’est pas le seul dans ce cas, il se distingue des autres par un sens aigu de la communication. Revenu au gouvernement entre 1973 et 1975, on lui confie l’Orientation nationale. Il fait imprimer et graver sur microsillons le discours prononcé par Mobutu aux Nations unies en octobre 1973. Député, gouverneur de Kinshasa, secrétaire général de la jeunesse du parti, membre du bureau politique, du comité central, ambassadeur à Paris puis à Dakar… Sakombi Inongo aura tout été.
C’est au début des années 1990, marquées par la fin du parti unique et la tenue de la Conférence nationale, que Sakombi, ministre de l’Information depuis 1988, décide de rompre avec Mobutu. Il se découvre alors une vocation de prédicateur et demande pardon à ses compatriotes pour avoir contribué à leur appauvrissement. Mobutu devient le diable qui, à l’en croire, s’adonnait à des pratiques occultes. Il affirme même l’avoir trouvé un jour « en train de boire du sang humain ». Ses détracteurs y voient un délire du pasteur Sakombi, peu enclin à assumer son passé. D’autant qu’après la chute de Mobutu, l’homme se met au service du vainqueur, Laurent-Désiré Kabila. Dernier poste occupé : président intérimaire de la Haute Autorité des médias sous Joseph Kabila. Il en fut délogé en 2008 pour… mauvaise gestion.
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