Déni de paternité

Coup de tonnerre, le 28 septembre, à Luanda. Sur les écrans de la télévision nationale, les Angolais médusés regardent l’un des chefs d’État les plus mutiques du continent s’exprimer longuement sur… sa vie privée. Il faut dire que l’heure est grave. L’avant-veille, le magazine indépendant Folha 8 avait publié l’interview choc d’une certaine Josefa Matias, 46 ans, affirmant être le fruit d’une rencontre furtive entre celui que ses proches surnomment « Ze » et une inconnue, à Kinshasa, au début des années 1960.

« C’est faux », a protesté José Eduardo dos Santos, qui dirigeait à l’époque l’organisation de la jeunesse du MPLA en exil en RD Congo. « Je n’avais aucune maîtresse, ni congolaise, ni angolaise, ni d’une autre nationalité. Je ne pensais pas à avoir une petite amie. J’avais d’autres préoccupations. »

Un démenti qui, en l’absence du fameux test ADN auquel on voit mal l’intéressé se soumettre, aura quelque peine à convaincre une opinion friande de secrets d’alcôve réels ou supposés. Mais un démenti suivi, on l’imagine, avec attention dans ces capitales où les chefs ont pris l’habitude de procréer hors mariage et dans le désordre. Mobutu Sese Seko, Omar Bongo Ondimba, Félix Houphouët-Boigny, Jean-Bedel­ Bokassa et quelques autres ont ainsi laissé après leur mort une descendance nombreuse, pas toujours reconnue, dans laquelle il est parfois difficile de démêler le vrai du faux et qui se déchire allègrement lorsque vient l’heure de l’héritage.

Dos Santos, lui, a voulu couper court à toute rumeur. Anna Paula, son épouse devant la loi, Isabel, sa fille, et tous ses ayants droit peuvent donc dormir tranquille. Quant à Josefa, « Ze » lui conseille de « continuer à rechercher son père biologique » qui est « une autre personne que [lui] ». Le chef a parlé.