La curieuse impatience de Trabelsi

Le puissant homme d’affaire tunisien – et beau-frère du président – presse le parti au pouvoir de se réunir en session extraordinaire pour avaliser l’investiture de Zine el-Abidine Ben Ali pour 2014.

Belhassen Trabelsi, homme d’affaires et beau-frère de Ben Ali, dans son bureau du siège de Karthago, à Tunis, en août 2010. © Hichem

Belhassen Trabelsi, homme d’affaires et beau-frère de Ben Ali, dans son bureau du siège de Karthago, à Tunis, en août 2010. © Hichem

Publié le 6 octobre 2010 Lecture : 2 minutes.

Que se passe-t-il dans le ciel radieux du parti au pouvoir, où rien, depuis plus de vingt ans, n’est censé bouger, si ce n’est par la volonté du président Zine el-Abidine Ben Ali ? Dans une démarche inhabituelle et inattendue, l’homme d’affaires Belhassen Trabelsi a demandé, le 28 septembre, la convocation en session extraordinaire du comité central du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, au pouvoir).

Président du groupe Karthago, qui contrôle, entre autres, des compagnies aériennes, une cimenterie et une chaîne hôtelière, Trabelsi veut que le RCD réunisse cette instance pour adjurer Ben Ali, au pouvoir depuis 1987, de briguer un sixième mandat à la présidentielle d’octobre 2014.

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Bien qu’il soit, comme la plupart des grands hommes d’affaires du pays, membre du comité central du RCD, Trabelsi, par ailleurs beau-frère du chef de l’État, ne s’était jusque-là pas distingué par ses activités politiques. Du moins, publiquement. Sa démarche scelle donc son entrée dans la vie politique active, mais aussi son positionnement marqué en faveur de la candidature de Ben Ali en 2014. C’est le sens de son adresse publique aux responsables du parti, à travers un article publié à la une du quotidien arabophone Achourouk, le 28 septembre. « En ma qualité de membre du comité central du RCD, écrit-il, en mon nom propre et en celui de mes collègues, membres du comité, je demande au secrétaire général du RCD de réunir le comité central en session extraordinaire afin de reprendre à son compte l’appel unanime lancé au président Ben Ali pour qu’il se porte candidat… » Depuis le mois d’août, la Tunisie vit en effet au rythme des mounachadat, ces appels émanant de milliers de personnalités, fonctionnaires, cadres, professions libérales, etc., et relayés presque chaque jour par les médias publics et privés.

Le comité central, structure intermédiaire chargée du suivi entre deux congrès, se réunit une fois tous les six mois en session ordinaire, sur décision du président du RCD, qui n’est autre que Ben Ali. Ce dernier peut aussi le convoquer en session extraordinaire à tout moment. À l’issue de sa dernière réunion, au mois d’août, le comité, qui compte 350 membres, a appelé Ben Ali, qui a fêté ses 74 ans le 3 septembre, « à continuer de diriger la Tunisie au cours de la prochaine étape ». En clôturant les travaux de deux jours, le chef de l’État s’était déclaré « satisfait » de ses résultats. Mais Trabelsi veut que le parti aille bien plus loin et adopte « une position officielle et franche ». Surtout, il lui demande « d’officialiser ce plébiscite populaire et de le convertir en véritable investiture ». Vaste programme.

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