La reine Michaëlle est de retour

La « petite reine », comme l’a surnommée la presse française, tombée sous son charme, est désormais l’« enfant de retour au pays ». Le 30 septembre, Michaëlle Jean, 53 ans, a troqué son costume de gouverneure générale du Canada contre celui d’envoyée spéciale de l’Unesco en Haïti.

Michaëlle Jean, à Ottawa (Canada), le 29 septembre. © Chris Wattie/Reuters

Michaëlle Jean, à Ottawa (Canada), le 29 septembre. © Chris Wattie/Reuters

Publié le 7 octobre 2010 Lecture : 2 minutes.

Un retour aux sources pour cette Haïtienne de naissance, devenue la Canadienne pétillante que l’on connaît. Tour à tour enseignante, militante féministe et présentatrice du journal télévisé, madame la gouverneure a ensuite représenté la reine d’Angleterre comme personne ne l’avait fait jusqu’alors au Canada – n’hésitant pas, devant les caméras, à pleurer à l’annonce du séisme en Haïti et à bouleverser les codes de cette fonction essentiellement honorifique.

Quand son départ a été annoncé, en juin, le Globe and Mail ne l’a pas ménagée : son successeur devra « avoir plus d’ambition », a ironisé le quotidien anglophone, glosant sur cette « populiste » incapable de « susciter le respect des élites politiques ». Cet éditorial au vitriol a valu au journal une avalanche de réactions indignées. Ces mêmes élites, le jour de son départ, n’ont d’ailleurs pas manqué de rendre hommage à la sortante.

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C’était loin d’être gagné. Lors de sa nomination en 2005 – elle devenait la première personnalité noire à occuper ce poste –, seuls 38 % des Canadiens pensaient que Michaëlle Jean ferait un bon gouverneur. Mais ses discours très critiques à l’égard de la politique du « chacun pour soi » ont fait mouche. Sa conception de sa fonction – « une autorité morale à l’écoute des citoyens, capable de fournir des éléments de réflexion au gouvernement » – aussi.

Au cours de ses nombreux voyages, elle a su gagner les cœurs de ses hôtes. Les Inuits, dont elle a valorisé la culture. Les Africains, dont elle a parcouru avec émotion les terres. Les Haïtiens, bien sûr, qui l’ont accueillie en héroïne en 2006 et 2009. « Elle est très aimée aussi au Québec. Et c’est une personnalité très importante de la communauté haïtienne », témoigne une Québécoise originaire de Haïti.

Sa mission au sein de l’Unesco s’annonce ardue. Le 12 janvier, des hauts lieux de la culture haïtienne ont été détruits ; il faudrait, selon une évaluation officielle, plus de 200 millions de dollars pour les réhabiliter. Michaëlle Jean – qui est native de Jacmel, l’une des villes les plus touchées par le séisme – aura la charge de les réunir. Certains lui prédisent, si elle y parvient, un destin de présidente. Ce ne serait qu’une vie de plus. 

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