Gabon : Alain Ditona Moussavou, banquier d’État
Le patron de la Caisse des dépôts et consignations a une mission : soutenir via ses investissements la politique de développement de Libreville et, partant, contribuer à la lutte contre le chômage.
L’après-midi tire à sa fin, ce 17 mai à Libreville. Alain Ditona Moussavou, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) du Gabon depuis 2011, jubile : la réunion du conseil d’administration qui vient de s’achever a validé les résultats de son tout premier exercice, clos le 31 décembre 2012. Ceux-ci sont plutôt bons : le chiffre d’affaires de son institution s’est établi à 9,15 millions d’euros (6 milliards de F CFA), pour un résultat net de 2,45 millions d’euros. « Lorsque nous avons démarré nos activités, en février 2011, nombreux étaient les analystes qui ne nous voyaient pas bénéficiaires avant la fin de la troisième année », explique le patron, content d’avoir déjoué les pronostics.
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Ancien directeur central de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Gabon (Bicig), Alain Ditona Moussavou se définit comme un « pur produit » de la filiale locale de BNP Paribas – il y a travaillé près de trente ans. Même s’il n’est pas que cela : entre 2003 et 2008, cet ancien membre du bureau politique du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) a conseillé Paul Toungui, alors ministre de l’Économie, avant de devenir secrétaire général adjoint du ministère du Budget et de la Fonction publique.
Une double casquette public-privé qui sied au dirigeant d’une institution qui, si elle dépend de l’État et s’est vu fixer des objectifs en termes de participation au développement économique, se doit d’être gérée selon les meilleurs critères du privé. Ces deux dernières années, la CDC a déjà placé environ 70 millions d’euros auprès de la Banque gabonaise de développement. Quant aux entreprises, elle en compte une dizaine dans son portefeuille. Parmi elles, SFM Gabon (34 % du capital), une société présente dans la filière bois et l’écotourisme, ou encore la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog, 0,5 %). Sans oublier Rougier Afrique International (35 %) : la filiale africaine de l’exploitant forestier français représente jusqu’ici le plus gros investissement (24 millions d’euros) de la CDC. Mais elle n’est pour l’instant pas celle qui lui rapporte le plus d’argent… En 2012, le groupe français a annoncé une perte opérationnelle de 1,13 million d’euros.
La CDC en chiffres
Total de bilan : 423,8 M€
Fonds propres : 42,7 M€
Revenus : 9,15 M€
Résultat net : 2,45 M€
Réflexes
Cela n’inquiète pas Alain Ditona Moussavou : « Rougier Afrique International ne va pas très bien, mais il n’y a pas péril en la demeure. Nous n’avons pas investi pour faire des bénéfices à court terme, nous nous sommes engagés dans un partenariat de long terme », explique-t-il, précisant que les fondamentaux du groupe français sont bons. À 59 ans, le patron de la CDC assure qu’il a conservé des réflexes de banquier, notamment dans la gestion des risques, qui lui servent dans l’exercice de sa fonction actuelle.
De fait, l’homme diversifie ses investissements. Après avoir financé, début 2013, la création de Novec Gabon, un bureau d’études et d’ingénierie que la CDC détient à parts égales avec son équivalent marocain, la Caisse de dépôt et de gestion, il s’apprête à lancer, en partenariat avec le Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS, l’autre bras financier du Gabon), un fonds de capital-investissement. Doté de 45 millions d’euros, ce dernier devrait cibler les PME spécialisées dans l’écotourisme. « Ce fonds financera notamment des prises de participation et le bilan de ces PME », précise Alain Ditona Moussavou.
En fait, rappelle-t-il, « nous avons pour mission d’appuyer les politiques publiques du gouvernement. Et l’une d’entre elles vise à favoriser la création d’un tissu de PME dans les différents secteurs de notre économie ». Avec pour objectif final de créer des emplois et de juguler le chômage des jeunes.
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