De la nécessaire régulation du marché des produits vétérinaires
La privatisation du secteur dans les années 1990 n’a pas été encadrée avec suffisamment de rigueur. L’accès aux produits vétérinaires et aux professionnels s’avère difficile dans un milieu encore très traditionnel.
À la conquête de l’or vert africain
Vache folle, sras, grippe H1N1… L’émergence ces dernières années de graves pandémies rappelle que les virus ne connaissent pas de frontières. Leur propagation est favorisée par la croissance des échanges d’animaux qui suit celle du commerce mondial. C’est ainsi que le virus H1N1 a été introduit dans un élevage nigérian par un stock de poussins venant d’Asie. Le caractère planétaire des grandes maladies animales a poussé l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), équivalent pour les animaux de l’Organisation mondiale de la santé, à faire de la prévention et du contrôle de ces maladies sa priorité absolue.
Si leur surveillance est relativement aisée dans les grands élevages industriels sédentaires, elle l’est beaucoup moins dans le contexte africain d’élevage dispersé, isolé et nomade. La privatisation des services vétérinaires dans la foulée des plans d’ajustement structurel des années 1990 n’a pas facilité la tâche. Le retrait des services de l’État a créé un vide pour les éleveurs. « En moyenne, il n’y a plus que 4 ou 5 importateurs de produits par pays », explique Guillaume Rémond, directeur général du français Laprovet, l’un des principaux producteurs de médicaments vétérinaires pour l’Afrique subsaharienne.
2 % des vétérinaires
Dans son ensemble, le continent représente moins de 3 % du marché mondial, soit quelque 500 millions de dollars, douze fois moins que dans l’Union européenne ou en Amérique du Nord. Par ailleurs, alors que la région compte 15 % des animaux d’élevage de la planète, elle ne dispose que de 2 % des vétérinaires, concentrés aux abords des agglomérations, là où la densité d’animaux est la plus forte.
Dans les zones isolées, les éleveurs sont une proie facile pour les vendeurs de produits vétérinaires contrefaits ou frelatés. « Le marché est peu réglementé, et les produits de mauvaise qualité sont monnaie courante, d’autant que plusieurs pays n’ont aucun service d’enregistrement des médicaments », précise Guillaume Rémond. Ces faux médicaments et vaccins, moins chers mais totalement inefficaces, représentent jusqu’à la moitié des ventes en Afrique. Un véritable casse-tête pour les groupes vétérinaires (Ceva Santé animale, Merial ou encore Vétoquinol), qui se rapprochent des groupements et associations d’éleveurs pour leur fournir conseils, expertises et médicaments.
L’accès aux produits s’améliorera d’autant plus que l’élevage s’industrialisera. Et le phénomène pourrait arriver vite : l’expansion de l’agriculture prive d’espace bon nombre d’éleveurs nomades, et l’évolution des comportements alimentaires pousse les urbains vers la consommation de protéines animales bon marché, comme le poulet, facile à élever en batterie. En attendant, les éleveurs traditionnels conservent de nombreuses connaissances traditionnelles, qui leur permettent parfois de soigner leurs bêtes avec des plantes disponibles localement.
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