Tunisiennes : libres, mais pas insouciantes

En Algérie et au Maroc, les Tunisiennes suscitent l’admiration, l’envie, parfois la réprobation. Et font aussi l’objet de nombreux clichés.

Signe particulier des Tunisiennes : plus orientales que leurs voisines et très raffinées. © D.R.

Signe particulier des Tunisiennes : plus orientales que leurs voisines et très raffinées. © D.R.

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Publié le 5 octobre 2010 Lecture : 2 minutes.

Tunisie : où (en) sont les femmes ?
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Tunisie : où (en) sont les femmes ?

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« Depuis l’indépendance, les Tunisiennes sont les Maghrébines, voire les Arabes, qui ont le plus de droits. Elles peuvent divorcer, avoir la garde de leurs enfants et même recevoir une pension alimentaire », fait remarquer d’emblée Najat, une jeune médecin marocaine d’Agadir. Le code du statut personnel, mis en place par le président Habib Bourguiba dès 1956, a en effet été le premier à consacrer l’égalité entre l’homme et la femme.

En Algérie, meurtrie pendant près de dix ans par les attentats des terroristes islamistes, comme au Maroc, où la nouvelle Moudawana a à peine six ans et peine à être vraiment appliquée, les Tunisiennes passent incontestablement pour des pionnières. Et leur situation fait des envieuses.

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« Les Tunisiennes sont plus modernes, plus européanisées aussi. Elles sont indépendantes et subissent moins que nous le machisme », constate Myriam, journaliste casablancaise de 30 ans qui se rend régulièrement en Tunisie pour les vacances. Au Maroc, où l’analphabétisme touche encore la majorité des femmes, l’image que l’on a des Tunisiennes est avant tout celle de femmes très diplômées, qui prennent en main leur avenir. Beaucoup sont citées comme modèles, telles la généticienne Habiba Chaabouni ou l’avocate engagée Gisèle Halimi.

« On m’a dit que… »

Pour Fatna, qui tient une pharmacie à Blida, « les Tunisiennes sont plus libres que les Algériennes. Mais elles [lui] semblent moins combatives, moins engagées que les femmes algériennes. Elles n’ont pas eu à se battre comme [elles] pour leurs droits ». Fatna, qui porte le voile, a entendu dire que, « en Tunisie, c’est totalement interdit. On [lui] a dit que, là-bas, les femmes voilées se faisaient arrêter par la police ». Fatna n’est jamais allée au pays de Didon, mais croit quand même savoir que les Tunisiennes sont moins attachées aux traditions que les Algériennes et les Marocaines. « Elles se marient avec des étrangers. Mais, c’est parce que ce sont presque des Européennes… »


Une jeune Tunisienne en hijab.
© AFP

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Au Maghreb, les clichés sur les Tunisiennes ont la peau dure et tiennent souvent du pur fantasme. Considérée comme plus orientale que ses voisines, la femme tunisienne serait, selon les qualificatifs qui reviennent le plus souvent, particulièrement « raffinée », notamment dans ses choix vestimentaires, « coquette », « sensuelle », « hédoniste »… « En fait, elle est associée à la joie de vivre, au plaisir de la danse, à la fête. C’est sans doute lié au cinéma et à la littérature, qui, depuis toujours, nous racontent la Tunisie à travers les intrigues de palais et la vapeur des hammams », confie Farida, professeure de littérature dans un lycée de Rabat. 

Encore des combats à mener

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Mais, comme le rappelle dans L’Image de la femme au Maghreb (Actes Sud, 2008) Khadija Mohsen-Finan, sociologue à l’Institut français des relations internationales (Ifri), il n’existe pas un modèle de femme tunisienne. Citadine ou rurale, moderne ou attachée aux traditions, plusieurs modèles coexistent, se confrontent et se nourrissent les uns des autres. Toutes ne sont pas indépendantes et bien dans leur peau.

Les problèmes de machisme, de violence conjugale, d’inégalités au travail et dans le foyer sont monnaie courante. Et les femmes tunisiennes ont encore de nombreux combats à mener.

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