La mémoire dans la peau

L’installation d’une fondation promise par l’ancien président français Jacques Chirac et consacrée aux guerres d’indépendance au Maghreb pourrait compromettre le réchauffement des relations entre l’Algérie et la France.

Jacques Chirac et Abdelaziz Bouteflika, en avril 2005 sur le perron de l’Elysée. © Kovarik/AFP

Jacques Chirac et Abdelaziz Bouteflika, en avril 2005 sur le perron de l’Elysée. © Kovarik/AFP

Publié le 29 septembre 2010 Lecture : 2 minutes.

La Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie et des combats de Tunisie et du Maroc devrait voir le jour le 19 octobre. Promise par l’ancien président Jacques­ Chirac aux associations de harkis et de Français rapatriés d’Afrique du Nord, cette institution est le produit de la loi controversée de février 2005 dont un alinéa évoquait « le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord ». Lors de sa promulgation, cette loi avait été très mal accueillie par Alger, qui a du coup enterré le projet de traité d’amitié entre les deux pays. L’abrogation de l’alinéa en janvier 2006, sur décision du même Jacques Chirac, n’y fera rien.

Après une longue période de froid, les relations politiques se sont quelque peu réchauffées après le non-lieu prononcé le 31 août par la cour d’appel de Paris en faveur de Mohamed Ziane Hasseni, chef du protocole algérien, accusé d’avoir commandité l’assassinat de l’opposant Ali André Mecili, en 1987, à Paris. Le dégel a été plutôt rapide : nomination de l’ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin à la tête d’une mission d’évaluation de la coopération économique entre les deux pays, visite à Alger d’Anne-Marie Idrac, secrétaire d’État au Commerce extérieur, et séjour en Algérie de l’ancien ministre Jean-Pierre Chevènement. Ce dernier a été reçu par le vice-Premier ministre, Noureddine Yazid Zerhouni, mais aussi, privilège plutôt rare pour les visiteurs français, par le président Abdelaziz Bouteflika.

la suite après cette publicité

Financements d’extrême-droite

Et voilà que cette embellie est menacée par l’installation d’une fondation décriée en Algérie par les milieux conservateurs et la famille révolutionnaire, qui estiment que la véritable vocation de cette institution est de glorifier le passé colonial en passant sous silence les crimes et atrocités subis par les populations indigènes. Autre grief retenu contre cette fondation : son financement par des ONG jugées hostiles à l’Algérie, comme la Fédération nationale André Maginot, Gueules cassées et Le Souvenir français, trois associations proches de l’extrême droite française. Les questions mémorielles n’ont pas fini d’empoisonner les relations entre Alger et Paris. 

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Nicolas Sarkozy et son homologue Abdelaziz Bouteflika © Abacapress.com

Algérie-France : la déchirure

Contenus partenaires