Un roi à New York
Mohammed VI a profité de sa présence au sommet de l’ONU sur les Objectifs du millénaire pour multiplier les rencontres bilatérales. Et désamorcer des tensions.
On n’est jamais mieux servi que par soi-même. C’est peut-être fort de ce dicton que le roi Mohammed VI s’est rendu au sommet de l’ONU sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), du 20 au 22 septembre, à New York. Arrivé quelques jours plus tôt, le souverain a suivi toutes les assemblées plénières et a prononcé, dans l’après-midi du 20 septembre, un discours remarqué. Costume gris, lunettes en écaille sur le nez, il a rappelé, chiffres à l’appui, les progrès du royaume, notamment dans les domaines de l’éducation (93 % d’enfants scolarisés) et du développement durable (objectif de 42 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2020).
En marge de ce programme classique, Mohammed VI a multiplié les rencontres bilatérales et s’est en particulier employé à désamorcer les tensions avec ses deux principaux partenaires commerciaux : la France et l’Espagne. En début d’après-midi, le 20 septembre, le roi a reçu le président français Nicolas Sarkozy à la résidence royale, non loin de Central Park. « C’était une rencontre amicale, très détendue, presque familiale, puisque Nicolas Sarkozy était accompagné de son fils Louis », raconte un journaliste marocain présent. Les deux hommes n’en ont pas moins abordé un sujet qui fâche : les délocalisations de centres d’appels. En juillet, le secrétaire d’État à l’Emploi, Laurent Wauquiez, avait provoqué l’ire des autorités marocaines en annonçant son intention de lutter contre l’externalisation des services à l’étranger. Le royaume, qui accueille 30 000 emplois dans le secteur, était directement visé. « Le président français s’est montré très rassurant. Il y aura bien des assises des centres d’appels, mais les emplois marocains ne seront pas touchés », rapporte un observateur.
Mais c’est la rencontre entre le roi et José Luis Zapatero qui était la plus attendue. Après un été très tendu entre les deux voisins, le président du gouvernement espagnol avait demandé à rencontrer le souverain à New York. Les deux hommes se sont retrouvés au siège de l’ONU devant nombre de journalistes et de caméras. À Mohammed VI, qui le salue en espagnol, Zapatero répond : « Je suis enchanté que nous nous rencontrions. L’important, c’est la photo. » « Côté marocain comme espagnol, cette petite phrase est apparue comme une maladresse de la part de Zapatero », commente un journaliste marocain. D’autant que, pendant ce court entretien d’une demi-heure, les sujets de fond, comme Ceuta et Melilla, ou le Sahara, n’ont pas été abordés. À sa sortie, Zapatero s’est déclaré ravi de la rencontre, où il a surtout été question d’« immigration ». Les deux hommes se sont également entendus sur l’organisation d’une réunion bilatérale au sommet au début de 2011, au Maroc. Une nouvelle occasion de prendre de belles photos…
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