Tripoli monte en puissance à UniCredit
En cumulant les parts de deux investisseurs libyens, Tripoli est désormais l’actionnaire principal du groupe bancaire italien UniCredit. Ce qui ne manque pas d’inquiéter de l’autre côté des Alpes.
![UniCredit, en Italie. © D.R.](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2010/09/29/029092010122819000000unicredit.jpg)
UniCredit, en Italie. © D.R.
Il était sur la sellette depuis plusieurs semaines. Accusé d’avoir dissimulé la montée en puissance de la Libye dans le capital d’UniCredit, Alessandro Profumo, le directeur général du premier groupe bancaire italien, a été contraint à la démission lors d’un conseil d’administration extraordinaire qui s’est tenu dans la nuit du 21 au 22 septembre.
Dans une interview qu’il a accordée au quotidien italien Corriere della Sera, l’Allemand Dieter Rampl, le président de la banque, affirme avoir signalé dès 2009 à Profumo ses « craintes de voir la Libye passer le seuil des 5 % [du capital, NDLR] ».
La Banque centrale de Libye (BCL) est déjà actionnaire d’UniCredit à hauteur de 4,988 % lorsque, en août dernier, le Libyan Investment Authority (LIA), un fonds souverain, entre à son tour dans son capital, dont il acquiert un peu plus de 2 % – cette part serait de 2,594 % aujourd’hui.
Les Libyens ont beau arguer que les deux investisseurs sont indépendants, les actionnaires italiens en doutent fortement. Car en combinant la participation de la BCL et celle de LIA (plus de 7 % du capital), Tripoli est désormais le premier actionnaire du groupe transalpin. Le droit de vote étant de 5 % par actionnaire, la Libye est ainsi devenue un acteur incontournable de la gouvernance de ce groupe présent dans vingt-deux pays et qui pèse plus de 37 milliards d’euros.
Inquiets, les autres actionnaires ont chargé Dieter Rampl de sonder les véritables intentions des Libyens. Le président doit rendre compte de ses investigations le 30 septembre, lors du conseil d’administration du groupe. La commission italienne des opérations de Bourse (Consob) mène elle aussi sa propre enquête pour savoir si LIA et la BCL agissent de concert, comme le prétendent les actionnaires d’UniCredit. Ces derniers font observer que Farhat Omar Bengdara, gouverneur de la Banque centrale de Libye et vice-président d’UniCredit, est également membre du conseil d’administration de LIA.
En attendant les conclusions de ces enquêtes, UniCredit doit régler au plus vite le problème de la succession d’Alessandro Profumo, vitale pour sa stratégie et sa stabilité. La Banque centrale d’Italie a adressé une lettre à son conseil d’administration, exigeant un retour rapide à sa structure de gouvernance habituelle – pour l’heure, Rampl cumule les fonctions de président et de directeur général. Selon le Financial Times, les dirigeants de la banque ont tardé à organiser la succession de leur directeur général.
Profumo, qui était à la tête d’UniCredit depuis treize ans, quitte son poste avec un parachute doré de près de 40 millions d’euros.
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