Trois hommes et un fauteuil
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Marwane Ben Yahmed
Directeur de publication de Jeune Afrique.
Publié le 27 septembre 2010 Lecture : 2 minutes.
Ouagadougou, palais présidentiel de Kosyam, 21 septembre. Chez leur hôte Blaise Compaoré, facilitateur dans la crise ivoirienne, Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara participent au septième – et a priori dernier – Cadre permanent de concertation (CPC). Ambiance surréaliste pour qui a suivi les péripéties de la crise ivoirienne: sourires, remerciements, tapes sur l’épaule et chahut de potaches dans les travées de la salle de conférences… On se croirait à une réunion d’anciens élèves évoquant, avec plaisir et nostalgie, leurs souvenirs communs. Le temps des affrontements et des invectives semble révolu. Plus rien, tous les protagonistes le répètent à l’envi, ne s’oppose à la tenue du premier tour de l’élection présidentielle, le 31 octobre. Liste électorale, cartes d’identité et d’électeur, réunification et redéploiement de l’administration, encasernement, accès aux médias, organisation de la campagne… Le serpent de mer ivoirien n’a plus rien à se mettre sous les crochets.
Les 5725720 électeurs vont donc pouvoir participer à l’une des consultations les plus chères du monde (plus de 300 millions d’euros). Le scrutin est historique. Pour la première fois, il sera transparent, démocratique, et n’exclura aucun des « chefs » qui se disputent la succession de Houphouët depuis la mort de ce dernier, en 1993. Les trois favoris semblent, pour des raisons différentes, convaincus de pouvoir l’emporter. C’est le meilleur gage que tout se passera bien. Le véritable tournant psychologique de cette sortie de crise. Tout le monde accepte enfin de jouer sa chance parce que, justement, chance il y a. Y compris, et peut-être surtout, chez le très tatillon Laurent Gbagbo, rassuré par les résultats des sondages commandés par la présidence ivoirienne. Mais confiance ne signifie pas certitude. Bien malin celui qui se hasarderait à un quelconque pronostic, pour le premier comme pour le second tour (le 27 novembre). Les interrogations sont légion: quelle importance donner à la fameuse prime au sortant, aux moyens financiers ou à l’impact de la campagne électorale qui s’annonce? Le vote sera-t-il, comme c’est trop souvent le cas en Afrique, essentiellement ethnique? Vers qui se porteront les voix des jeunes, ceux qui n’ont vécu que les années de crise et dont personne ne connaît vraiment ni les aspirations ni les inclinations partisanes? La plupart des candidats l’admettent: tout est possible. Peut-être même tout le monde s’est-il trompé sur le poids présumé des « trois ténors » de la scène politique ivoirienne…
Une seule chose est sûre: celui qui se risquerait à rompre la trêve en vigueur porterait une énorme responsabilité. Et si tout se déroule comme prévu, il restera une ultime, mais non moins capitale, étape à franchir: le respect du verdict des urnes. Pour, une fois pour toutes, solder les comptes de l’après-Houphouët.
Retrouvez, à partir du 3 octrobre et dans nos trois prochains numéros les interviews exclusives d’Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo.
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