Banque : renfort britannique à l’horizon

En jetant son dévolu sur Nedbank, HSBC compte rejoindre ses compatriotes Barclays et Chartered Bank sur le marché sud-africain, porte d’entrée des fleurons du Royaume-Uni au sud du Sahara. Le point sur les forces en présence.

Nairbobi, 2008. Barclays est déjà présent dans une dizaine de pays africains. © Noor Khamis/Reuters

Nairbobi, 2008. Barclays est déjà présent dans une dizaine de pays africains. © Noor Khamis/Reuters

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 23 septembre 2010 Lecture : 3 minutes.

La Hong Kong and Shanghai Banking Corporation, plus connue sous ses initiales HSBC, a mis les moyens pour parvenir à ses fins. Si son offre de prise de contrôle du sud-africain Nedbank, annoncée le 22 août, est acceptée par les autorités du pays, le groupe britannique déboursera 5,3 milliards d’euros pour s’emparer de 70 % du capital de la quatrième banque du pays (dont 52 % sont aujourd’hui détenus par l’assureur sud-africain Old Mutual). Une offre bien plus élevée que celle formulée en juillet par son compatriote Standard Chartered, qui avait mis 3,4 milliards d’euros sur la table.

Avec une capitalisation boursière de presque 8 milliards de dollars (environ 6,3 milliards d’euros), 443 agences, 27 000 employés et 60 milliards d’euros d’actifs, Nedbank changera de dimension, à la suite de l’opération, pour entrer dans le gotha de la banque internationale. Le groupe sud-africain ne tire pour l’instant que 5 % de ses revenus d’autres pays africains, principalement le Zimbabwe. Il n’empêche : avec cette acquisition, HSBC vise le continent tout entier. Pénétrer la première place financière africaine – Johannesburg –, c’est pour lui l’occasion de rattraper son retard en Afrique subsaharienne.

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Le groupe britannique misait surtout, jusque-là, sur le nord du continent. Il bénéficie depuis 1982 d’un solide réseau en Égypte (79 agences), a lancé une filiale en Algérie (une seule agence) au début de 2008, et se trouve en bonne position pour obtenir une licence bancaire en Libye dans les prochains mois.

Mais jusqu’à maintenant, HSBC brillait par son absence au sud du Sahara, hormis en Afrique du Sud (cinq agences). Une carence que le groupe devait combler à l’heure de l’offensive des compagnies asiatiques sur le continent. Alors que 10 % des exportations sud-africaines partent vers la Chine, et que pas moins de 30 % des produits miniers du pays ont pour destination l’Asie, HSBC, qui tire 58 % de ses bénéfices de ses filiales asiatiques, ne pouvait laisser s’échapper plus longtemps des flux financiers majeurs entre l’Orient et l’Afrique du Sud et, plus généralement, l’Afrique subsaharienne. Surtout que ses principaux rivaux, Standard Chartered et Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) en tête, mettent en place depuis des années déjà cette stratégie d’accompagnement de leurs clients chinois en Afrique.

Avec cette opération, HSBC pourra donc rejoindre le cercle restreint des banques britanniques déjà bien installées sur le continent, principalement adossées aux marchés financiers de Johannesburg ou de Lagos. Standard Chartered est implanté dans 14 pays (Afrique du Sud, Nigeria, Angola, Cameroun…), dans lesquels il compte 150 agences et emploie 6 000 salariés. Sur le continent, il cultive un profil atypique. Né de la fusion, en 1969, entre l’anglo-asiatique Chartered Bank of India, Australia and China et l’anglo-sud-africain Standard Bank of British South Africa, le groupe s’était désengagé de ses activités en Afrique du Sud en 1987, avant d’y revenir en 1992. L’an passé, Standard Chartered a dégagé 500 millions de dollars de bénéfice d’exploitation pour un chiffre d’affaires africain supérieur à 1 milliard de dollars. S’il reste un acteur mineur en Afrique du Sud, avec moins de 1 % du marché, le groupe affirme détenir plus de 25 % de part de marché au Kenya et 20 % en Ouganda. Et il n’entend pas s’arrêter là. Standard Chartered compte multiplier les agences en Égypte et en Angola, où il est présent depuis un an, et projette par ailleurs d’ouvrir un bureau de représentation en Libye.

Une opération loin d’être bouclée

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Autre pilier britannique en Afrique, Barclays est présent dans l’activité de banque de détail dans une dizaine de pays (Ouganda, Kenya, Tanzanie, Botswana…). Le groupe s’est fixé pour objectif d’être dans les cinq premiers sur chacun de ces marchés et, pour cela, joue la carte de la technologie (e-banking notamment). En 2005, sa prise de participation majoritaire (58 % du capital) dans Absa, la troisième banque sud-africaine, pour 6 milliards d’euros, l’a mis sur le devant de la scène.

Mais les autorités sud-africaines sont de plus en plus réticentes à laisser les fleurons nationaux passer sous pavillon étranger. Parmi les Big Four (les quatre plus grands établissements sud-africains), Absa, donc, mais aussi Standard Bank (avec l’arrivée du chinois ICBC dans son capital en 2008, ont déjà fait l’objet d’offensives extérieures. Restent FirstRand et… Nedbank. HSBC devra donc faire preuve de diplomatie pour ne pas rater son coup. Car l’opération de reprise est loin d’être bouclée. Le groupe britannique devra notamment accepter une prise de participation des fonds du Black Economic Empowerment dans Nedbank. Errol Kruger, chef de l’autorité sud-africaine de régulation du secteur bancaire, a averti le 1er septembre que son institution ne se prononcerait pas sur l’opération avant le début de l’année prochaine, le temps d’étudier le dossier en profondeur et de déminer le terrain avec les représentants de HSBC.

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