Baradei hausse le ton

Convaincu qu’elles seront entachées d’irrégularités, l’ex-patron de l’AIEA appelle ses concitoyens à boycotter les élections législatives de novembre.

Publié le 12 septembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Le Prix Nobel de la paix Mohamed el-Baradei, qui a pris la tête d’un mouvement d’opposition en Égypte, a appelé au boycott des élections législatives de novembre, qui, selon lui, seront de toute façon truquées. Ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Baradei est rentré en Égypte en 2010 et réclame, depuis, la tenue d’élections libres et la levée des restrictions qui empêchent des candidats indépendants de se présenter à la présidentielle. « Quiconque prendrait part au scrutin, électeur ou candidat, irait à l’encontre de la volonté nationale », a-t-il déclaré. Pour Baradei, un boycott réussi saperait la légitimité du pouvoir. « Si toute la population boude l’élection, a-t-il affirmé, cela sonnerait, à mon avis, la fin du régime. »

Lancée par ses partisans, une pétition appelant à la mise en place de réformes constitutionnelles, notamment pour limiter le nombre de mandats présidentiels et autoriser les indépendants à concourir, a recueilli 800 000 signatures, essentiellement en ligne. La plupart de ces signatures ont été obtenues grâce à une campagne organisée par le mouvement des Frères musulmans, interdit, mais considéré comme la première force d’opposition du pays.

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Seulement voilà, les élections en Égypte, qui sont la plupart du temps entachées d’irrégularités, ne mobilisent guère les foules – le taux de participation n’est souvent que de 25 %. L’impact d’un boycott risque donc d’être relatif. Du côté des partis autorisés, on rechigne à soutenir l’appel. Peut-être parce que le pouvoir pourrait les laisser remporter davantage de sièges, au détriment des indépendants, généralement affiliés aux Frères musulmans. Ces derniers annonceront dans le courant de septembre s’ils participeront ou non aux législatives, mais il y a peu de chances qu’ils optent pour le boycott. « Les élections leur permettent de galvaniser leurs troupes et de réaffirmer leur rôle de premiers opposants au régime, même s’ils ne remportent aucun siège », estime le chercheur Hossam Tammam.

On ignore à ce jour si Hosni Moubarak, 82 ans, briguera, après vingt-neuf ans de règne, sa propre succession à la présidentielle de 2011. Depuis qu’il a annoncé qu’il souhaitait se porter candidat, Baradei est la cible d’une virulente cabale dans les médias. C’est ainsi qu’est apparue, la semaine dernière, une page Facebook où l’on peut voir, agrémentée de commentaires peu amènes, une photo de sa fille Leïla en maillot de bain.

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