Adieu : Lewis Nkosi, tambour battant

Le journaliste et écrivain sud-africain Lewis Nkosi, qui avait accompagné la lutte contre le régime de l’apartheid, s’est éteint le 5 septembre à Johannesburg.

Publié le 17 septembre 2010 Lecture : 1 minute.

« Vivre vite, mourir jeune et avoir un beau cadavre. » Telle était la maxime des journalistes du magazine Drum dans les années 1950. Lewis Nkosi n’est pas mort jeune – il s’est éteint le 5 septembre à Johannesburg, après avoir vécu près de 74 ans, dont 31 en exil –, mais il appartenait à ce cercle de passionnés, prêts à tout pour leur métier. L’Afrique du Sud pleure un auteur éclectique – critique, compositeur et écrivain – parmi les plus talentueux de sa génération.

Natif de Durban, il commence sa carrière au Ilanga Lase Natal, un journal en zoulou. À 19 ans, il rejoint Drum, tout premier magazine sud-africain destiné à un lectorat noir, réalisé par des journalistes noirs et dirigé par le Britannique Jim Bailey. Le mensuel traite des sujets de société et décrit la vie à Sophiatown, un quartier métissé de Jo’Burg, avant que les Noirs ne soient expulsés à Soweto. « C’était ça, le style Drum : pas de discours enflammés, pas de propagande acharnée contre l’apartheid. Simplement montrer les choses telles qu’elles étaient », disait Nkosi.

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Il participe à l’écriture du scénario de Come Back, Africa, de l’Américain Lionel Rogosin, filmé clandestinement en 1958 dans un ghetto de la ville. Mêlant documentaire et fiction, ce témoignage sur la discrimination raciale lance la carrière internationale de Miriam Makeba. Lewis fréquente Nelson Mandela et Oliver Tambo, mais refuse de militer à l’ANC.

À la fin des années 1950, la situation dégénère. En 1960, il obtient une bourse pour Harvard en échange de la promesse de ne jamais revenir. Il enseigne la littérature, de Londres à Varsovie, de la Zambie à la Californie, et publie articles, essais, pièces de théâtre et romans.

Mating Birds (« Le Sable des Blancs »), évocation du destin d’un condamné à mort, s’impose comme l’un des textes les plus lucides sur l’apartheid. On lui doit aussi la pièce Le Psychiatre noir et Mandela et moi, publié en français chez Actes Sud en juin 2010.

Lewis venait d’achever un roman et s’attelait à la rédaction de ses Mémoires. Ses obsèques ont eu lieu le 10 septembre, à Durban.

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