Grève, calculs et tableau noir
Les professeurs ont décidé d’engager une grève à la rentrée pour réclamer une augmentation des salaires. À l’approche de la présidentielle, la période est propice.
Commencer l’année scolaire par une grève : c’est la méthode choisie par les professeurs du secteur public congolais pour dire leur ras-le-bol. Aussi, le 6 septembre, jour de rentrée, la plupart des élèves de Kinshasa, Gbadolite, Kananga ou Lubumbashi ont-ils dû rester à la maison. La Synergie des syndicats des enseignants avait décrété le boycott des classes le 31 août. « Nous revendiquons une majoration des salaires, explique son porte-parole, Jean-Bosco Puna. Ceux que nous touchons datent de 2005 ! »
Le moment est propice. L’État se renfloue, 90 % de la dette extérieure du pays (soit 12,3 milliards de dollars) ayant été annulés en juillet dernier. Et l’élection présidentielle est prévue pour novembre 2011. « Nous voulons profiter de ces opportunités », admet Puna.
Gratuité de l’enseignement primaire
Les mêmes calculs politiques avaient pourtant conduit le gouvernement à promettre aux enseignants une augmentation de 75 % de leur salaire mensuel – qui varie de 30 à 40 dollars – à partir de janvier 2011. Et même à consentir un effort particulier : alors que les professeurs attendent des semaines, voire des mois, avant de toucher leur rémunération – dans certains cas, en vain –, ils ont, dans leur grande majorité, été payés à temps en juillet et en août. Mais, habitués aux promesses non tenues, les grévistes entendent maintenir la pression. Leur mouvement devrait se prolonger jusqu’au 20 septembre.
Une partie de la profession nourrit une autre inquiétude. Le 30 août, le chef de l’État a décrété la mise en œuvre de la gratuité de l’enseignement primaire dès la rentrée (le principe figure dans la Constitution, mais n’a jamais été appliqué). Cette mesure devrait porter un coup fatal à un système de débrouille : le Fonds d’intervention ponctuelle (FIP), une caisse dans laquelle les parents versent chaque mois une participation aux frais de fonctionnement de l’école, ainsi que la « motivation des enseignants », qui constitue un complément de salaire – ou un salaire tout court – et qui varie de quelques dollars symboliques à une centaine. « Si la gratuité est appliquée, le FIP doit être supprimé », dit un parent d’élève. Pour Jean-Bosco Puna, le système FIP est « pervers », car « il transforme l’école en boutique ». Il juge donc « la gratuité salvatrice ». À condition que l’État joue son rôle.
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