Pire que le golfe du Mexique

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 16 septembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Un énorme désastre. Le pétrole déversé dans le delta du Niger représenterait l’équivalent d’un Exxon Valdez­ par an depuis cinquante ans. Une quantité dix fois supérieure à celle de la catastrophe du golfe du Mexique.

Le rapport n’a pas encore été rendu public qu’il suscite déjà la polémique. En révélant à l’Agence France Presse que 90 % des fuites de pétrole qui souillent le delta « sont le produit d’activités criminelles », Mike Cowing, l’un des responsables de l’étude en cours du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) sur la pollution en pays ogoni (delta du Niger), a provoqué la colère des ONG. L’Ogoni Solidarity Forum (OSF) a même suggéré, le 7 septembre, que le responsable onusien soit limogé. « Son intervention décrédibilise totalement le rapport et peut être considérée comme une faute grave », a estimé Celestine Akpobari, la coordinatrice locale d’OSF.

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Les résultats de cette enquête initiée à la demande du Nigeria ne seront publiés « qu’au cours du premier trimestre 2011 », explique-t-on au siège de l’ONU, à New York. Une mouture provisoire aurait toutefois été soumise au président Goodluck Jonathan, au début de septembre. Si elles sont confirmées dans le document final du Pnue, les allégations de Cowing exonèrent de leur responsabilité les compagnies pétrolières qui exploitent les immenses réserves du delta depuis des dizaines d’années. Elles sont pourtant accusées de défaillances récurrentes : mauvais entretien des installations, fuites non colmatées, etc. Shell avait d’ailleurs fait l’objet d’une autre enquête, accablante, menée par Amnesty International (AI) et publiée en juin 2009. L’organisation de défense des droits de l’homme y accusait le premier opérateur du Nigeria de polluer (via son consortium Shell Petroleum Development Company) le delta depuis plus de cinquante ans.

Qui croire ?

« Nous mettons en doute le pourcentage cité par M. Cowing, qui se fonde sur les déclarations du gouvernement nigérian, qui les tient lui-même des pétroliers », réagit Francis Perrin, le porte-parole d’AI France. Il rappelle que le rapport du Pnue ne concerne que le pays ogoni et une seule source de pollution (le pétrole), alors qu’elles sont multiples (comme les gaz de torchère) et que tout le delta est touché. Et Perrin de s’interroger : « À la fin des années 1980, Shell estimait que les actes de sabotage représentaient moins de 30 % des incidents. Récemment, dans une revue interne du groupe, un directeur a indiqué qu’ils représentaient 70 % des fuites… Que croire ? »

« Les responsabilités sont multiples, poursuit le porte-parole d’AI France. Le gouvernement fédéral est défaillant depuis longtemps, les groupes armés sont très actifs mais uniquement depuis quelques années alors que les pollutions durent depuis des lustres, et les compagnies pétrolières travaillent en toute impunité. Dans une moindre mesure, les communautés locales extrêmement pauvres siphonnent un peu de pétrole pour le revendre au marché noir. Enfin, les pays voisins, qui bénéficient de ce marché parallèle, ont également une part de responsabilité. »

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