Des élections, et vite !
Alors que les dates des élections présidentielle, parlementaires et locales s’approchent, les inquiétudes se multiplient au regard de l’ampleur de la tâche qui attend les organisateurs.
Le 22 janvier 2011, soit neuf mois après le décès du président Umaru Yar’Adua. C’est la date finalement retenue pour l’élection présidentielle nigériane. Une échéance très proche, alors qu’il n’y a ni liste définitive de candidats ni liste électorale actualisée, dans un pays qui compte 150 millions d’habitants, et que, de l’aveu même de la commission chargée d’organiser le scrutin, la tâche s’annonce titanesque.
D’ici au mois de décembre, ce sont près de 70 millions d’électeurs qu’il faudra enregistrer. L’opération nécessitera le déploiement d’un matériel informatique adapté dans 120 000 bureaux de vote et de 360 000 agents pour le faire fonctionner dans des régions parfois inaccessibles par la route. Pour les zones les plus reculées, l’aviation et la marine seront mises à contribution. Mission difficile, reconnaît Attahiru Jega, le président de la Commission électorale nationale indépendante. « Le Nigeria n’a jamais rien fait de tel », a-t-il confié, avant de préciser qu’il n’était pas un « magicien ».
Plus que de la bonne volonté
Réputé intègre et posé, Jega bénéficie pour l’instant d’un certain capital sympathie, alors même que la commission qu’il dirige n’a jamais su être ni nationale (tant elle a servi des intérêts locaux), ni indépendante. Dans le passé, Jega a certes été emprisonné par l’un des candidats déclarés, l’ancien dictateur militaire Ibrahim Babangida, mais il s’est engagé à traiter chacun de manière équitable. Et surtout, il ne veut pas répéter les erreurs de 2007, lorsque la validité de la liste puis l’élection de Umaru Yar’Adua avaient été contestées.
La bonne volonté ne suffira pas, objecte-t-on dans les chancelleries étrangères, où l’on doute que le Nigeria soit prêt pour des élections générales (un scrutin parlementaire sera aussi organisé le 15 janvier ; les gouverneurs et les assemblées locales seront élus le 29).
Et puis, il y a la question des candidats. Du côté du Parti démocratique populaire (PDP, au pouvoir), Ibrahim Babangida s’est déclaré intéressé, dix-sept ans après son départ. Tout comme l’ancien vice-président Atiku Abubakar. Mais c’est la décision de l’actuel chef de l’État, Goodluck Jonathan, que l’on attend. Ses partisans le pressent d’entrer dans la course. L’intéressé, que l’on dit tenté, s’en est pour l’instant abstenu, conscient qu’une règle non écrite du PDP l’empêche de briguer le poste.
Goodluck est un chrétien du Sud ; pour respecter l’alternance géographique, c’est donc un musulman du Nord qui devrait prendre la relève. Le PDP semble prêt à faire une exception, tout en s’interrogeant sur l’opportunité de la candidature d’un président dont la popularité, très forte à son arrivée au pouvoir, est aujourd’hui en baisse.
En attendant l’annonce officielle de son entrée en lice, Goodluck Jonathan place ses pions. Le 7 septembre, il a remplacé les chefs de l’armée, de la police et des services de renseignement.
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