Le bout du tunnel ?

Accord de tous les protagonistes sur la liste électorale, effervescence dans les états-majors des candidats déjà en campagne… Plus rien ne paraît s’opposer à l’organisation du scrutin présidentiel, dont le premier tour a été fixé au 31 octobre. Enfin !

Laurent Gbagbo et Guillaume Soro arrivent au conseil des ministres, le 5 août. © AFP

Laurent Gbagbo et Guillaume Soro arrivent au conseil des ministres, le 5 août. © AFP

Publié le 17 septembre 2010 Lecture : 4 minutes.

C’est un tournant décisif. En signant, le 9 septembre, le décret portant validation de la liste électorale définitive, le président Laurent Gbagbo a ouvert la voie à un scrutin présidentiel sans cesse reporté depuis 2005. « Chacun peut maintenant aller tranquillement faire campagne », s’est réjoui le chef de l’État.

Trois jours plus tôt, il avait participé à une réunion à huis clos du Cadre permanent de concertation (CPC). Avec Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, les deux leaders de l’opposition, Guillaume Soro, le Premier ministre, Youssouf Bakayoko, le président de la Commission électorale indépendante (CEI), et Boureima Badini, le représentant spécial du facilitateur, il s’est mis d’accord sur cette fameuse liste, qui comptera 5 725 720 personnes après l’ajournement d’un peu plus de 50 000 cas.

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Le chef du gouvernement avait préparé le terrain en présentant, le 19 août, un rapport de travail et en jouant les médiateurs entre les trois favoris de l’élection pour aboutir à un compromis. Il aura fallu deux longues années ponctuées de multiples rebondissements pour y parvenir. Dorénavant, plus rien ne s’oppose à la tenue du scrutin, dont le premier tour a été fixé au 31 octobre.

Reste un gigantesque défi logistique. « Le président de la CEI s’est montré imprécis sur la cartographie des bureaux de vote, leur accessibilité et leur fonctionnalité », raconte l’un des participants. Toutes les bonnes volontés sont donc requises pour surmonter les derniers obstacles techniques (production et distribution des cartes d’électeur, affichage des listes, transport du matériel électoral, recrutement et formation des agents) dans des délais très serrés. La primature supervisera l’ensemble des opérations avec la CEI. L’Onuci acheminera le matériel dans les 11 000 bureaux de vote et apportera un appui aux forces de sécurité. Et l’Imprimerie nationale, qui a obtenu le marché des bulletins de vote, pourra éventuellement sous-traiter sur place.

Réunionite aiguë

Les dirigeants ont prévu de se retrouver le 21 septembre à Ouagadougou pour un ultime CPC en présence du facilitateur. « Blaise Compaoré devrait, comme il l’a fait en Guinée, placer les candidats devant leurs responsabilités, explique un proche du président burkinabè. On arrêtera les derniers principes pour la sécurisation du processus, l’accès équitable aux médias d’État, la bonne conduite du scrutin et la certification du résultat. »

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En attendant, les états-majors des candidats sont en pleine effervescence. « C’est la réunionite aiguë », plaisante Amadou Coulibaly, conseiller en communication d’Alassane Ouattara. Définition des stratégies, planification des derniers thèmes de campagne, recherche de financements… C’est le branle-bas de combat.

Après avoir sillonné la quasi-totalité du territoire depuis deux ans, le président du RDR se concentrera en fin de campagne sur son territoire de prédilection, le Nord, et sur Abidjan, où vivent près du tiers des électeurs. À partir du 23 septembre, il sera dans la région des Savanes. Son directeur de campagne, Amadou Gon Coulibaly, a réuni à Abidjan, les 11 et 12 septembre, tous les délégués départementaux pour leur donner les dernières consignes.

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Le président Gbagbo, quant à lui, rentre d’une première tournée dans la région de l’Agneby. Son investiture officielle est annoncée pour le 25 septembre. Après s’être reposée en Suisse durant l’été, son épouse, Simone, s’est remise au travail, notamment dans son fief de députée, à Abobo. Le Dr Issa Malick Coulibaly, directeur national de campagne, multiplie les missions (dans l’Ouest, le Centre et le Nord) pour conquérir le cœur des musulmans. Charles Blé Goudé, le patron du Congrès panafricain des Jeunes patriotes (Cojep), a rassemblé ses troupes à Yamoussoukro du 2 au 4 septembre, et les a exhortées à mener la bataille : « Dans nos localités respectives, chacun doit se considérer comme un ouvrier de cette victoire. Allez-y préparer le terrain, j’arrive. Il n’y a pas de territoires acquis. J’irai attaquer les bases de l’adversaire. »

Bataille finale

Henri Konan Bédié n’est pas en reste. Le 8 septembre, le Sphinx de Daoukro a réuni son équipe au grand complet à Cocody, au siège du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). « Notre succès sera le résultat des sacrifices que vous aurez consentis, a-t-il promis. Il reste deux tâches à accomplir : le porte-à-porte et la formation des militants au vote par bulletin unique. » Priorité, donc, aux actions de proximité : caravanes à travers le pays, appels répétés aux électeurs de l’étranger. Bédié tiendra des meetings dans toutes les capitales régionales en octobre. Son épouse, Henriette, présidente de l’ONG Servir, organise le 1er du même mois un gala de bienfaisance. Objectif : recueillir des fonds pour aider les plus pauvres.

Toute cette agitation laisse encore de marbre une grande majorité d’Ivoiriens. Depuis 2005, cette élection leur paraît un mirage. D’autant que les priorités quotidiennes sont tout autres, en cette rentrée scolaire. Comme chaque année, il faut joindre les deux bouts. Au fil des jours, leur intérêt devrait néanmoins grandir pour ce scrutin qui devrait être la première élection libre et transparente de l’histoire du pays. « On aperçoit enfin de la lumière au bout du tunnel, commente un Abidjanais. Maintenant, prions pour l’atteindre. »

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