Lendemain de fête pour Barack Obama
Alors que son bilan est plutôt positif, la cote de popularité de Barack Obama est en berne. À deux mois des élections de mi-mandat, cruciales pour la poursuite de ses réformes, il doit rebondir. Et vite.
Barack Obama a-t-il perdu la main ? La désaffection de ses compatriotes prend, depuis cet été, des proportions inquiétantes. En juillet, pour la première fois depuis son arrivée à la Maison Blanche, les avis négatifs sur sa manière de gouverner l’ont emporté sur les avis positifs. Selon le site realclearpolitics.com, qui synthétise chaque jour les sondages réalisés à ce sujet, ils étaient, le 31 août, 47,9 % à désapprouver son action et 46,4 % à l’approuver.
Pis : au même moment, un sondage diffusé par la chaîne CNN a révélé qu’un quart des Américains sont persuadés qu’Obama n’est pas né aux États-Unis et que sa présidence n’est pas constitutionnelle. Enfin, selon le Pew Research Center, 18 % le croient musulman, soit 7 % de plus qu’en mars 2009 ! Une montagne d’« inepties » – dixit l’intéressé –, qui ne marque pas seulement la fin d’un état de grâce.
Car le plus grave est que ce retournement d’opinion risque de lui coûter sa majorité au Congrès. Le 2 novembre, le tiers du Sénat et la totalité de la Chambre des représentants seront renouvelés. Celle-ci pourrait basculer dans le camp républicain, ce qui paralyserait les réformes du président jusqu’à la fin de son mandat, en 2012, notamment dans le domaine de l’énergie et de la protection de l’environnement. À deux mois du scrutin, il y aurait, d’après le dernier sondage Gallup, un écart – historique – de dix points en faveur des républicains.
Pour un esprit objectif, il y a quelque chose d’incompréhensible dans ce désamour. À mi-mandat, le bilan d’Obama est pourtant plus qu’honorable. Même si l’Irak est loin d’avoir retrouvé la paix, il a tenu sa promesse en retirant, le 31 août, toutes les unités de combat de ce pays, les 50 000 soldats américains qui y demeurent étant affectés à la formation et à l’encadrement des forces irakiennes. « L’opération Liberté pour l’Irak est terminée », a-t-il déclaré solennellement, applaudi en cela par une majorité de ses concitoyens (voir p. 43). Dans le domaine diplomatique, le 2 septembre, il a donné un nouveau départ aux négociations entre Israéliens et Palestiniens, en jachère depuis des années.
Son plan de relance de 787 milliards de dollars a évité aux États-Unis – et au monde – de basculer dans une grande dépression du style de celle de 1929. Il a réussi, en mars 2010, à faire adopter par le Congrès une véritable réforme de l’assurance maladie qui devrait, dans les prochaines années, couvrir la plupart des 40 millions d’Américains qui en étaient dépourvus et contenir le déficit de la sécurité sociale.
Le 21 juillet, il a promulgué la réforme de Wall Street, pour que « les Américains n’aient plus jamais à payer pour les erreurs » des spéculateurs. Un texte qui devrait améliorer la protection des consommateurs ainsi que la transparence du monde de la finance.
Malheureusement, les Américains n’ont cure de ces lois dont ils ne verront pas les bienfaits avant plusieurs années. Ils constatent avec amertume que le chômage se maintient autour de 9,5 % de la population active et que, cette année, 1 million de saisies priveront leurs propriétaires de leur maison. Et ils en tiennent rigueur à leur président.
La belle machine économique américaine, réputée pour sa capacité à rebondir très vite, semble s’essouffler. On pensait qu’au deuxième trimestre la croissance avait atteint 2,4 %. Or, ce chiffre vient d’être revu à la baisse : il n’est que de 1,6 %. Les ventes de logements reculent. Les investissements sont anémiques.
Abus de crédit
Pour une bonne part, cette atonie marque un retour à la normale : elle coïncide avec la fin des mesures artificielles de soutien (prime à la casse, déduction des intérêts des prêts immobiliers pour les primoaccédants, embauche temporaire d’agents du recensement, etc.). Elle prouve que les Américains en ont fini avec l’abus de crédit auquel ils se sont longtemps adonnés. Leur goût très récent pour l’épargne déprime leurs achats, mais assainit leur situation financière.
Dans ce contexte incertain, faut-il continuer à soutenir l’économie américaine, comme le préconise le Fonds monétaire international, au risque d’apporter de l’eau au moulin du camp républicain, dont l’un des leaders, le sénateur Mitch McConnell, a déclaré que « les démocrates n’ont fait qu’accroître le taux de chômage, alourdir la dette et empâter le gouvernement fédéral » ? Ou faut-il opter pour des mesures d’assainissement afin de réduire cette énorme dette accumulée pendant la crise et qui est le deuxième sujet d’inquiétude des Américains après le chômage ? Le débat fait rage entre experts comme à la Maison Blanche.
Pour éviter une débâcle électorale en novembre, Barack Obama a promis le 31 août à ses compatriotes que sa « tâche la plus urgente » était de « rétablir l’économie et remettre au travail les millions d’Américains qui ont perdu leur emploi ». Cette détermination enfin affichée arrive bien tard.
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