Un e-mail prouve que l’ONU était au courant des viols

Les humanitaires avaient été avertis des exactions, dont les actes de viol sur les femmes, qui ont eu lieu dans le Nord-Kivu entre le 30 juillet et le 2 août.

Des rebelles du FDLR, à 150 km au nord-ouest de Goma. © AFP

Des rebelles du FDLR, à 150 km au nord-ouest de Goma. © AFP

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Publié le 14 septembre 2010 Lecture : 1 minute.

Une nouvelle source d’embarras pour les Nations unies. Roger Meece, tout nouveau chef de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RD Congo (Monusco), a certes pris soin de condamner les viols massifs perpétrés dans le territoire de Walikale (Nord-Kivu), entre le 30 juillet et le 2 août. Des viols qui auraient été commis par des rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et par des miliciens Maï-Maï, à moins de 30 km d’une base où étaient stationnés 80 Casques bleus indiens.

Montrée du doigt fin août pour son inaction, la Monusco s’était justifiée en affirmant n’avoir été prévenue que tardivement, le 12, par l’ONG International Medical Corp. Sauf qu’une correspondance interne, dont le New York Times a obtenu une copie, prouve que l’ONU a été mise au courant dès le 30 juillet. Selon le quotidien américain, un e-mail a été envoyé, ce même jour, par le bureau des opérations humanitaires de l’ONU dans l’est de la RD Congo à plusieurs autres agences, onusiennes notamment.

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Le message précise que « la ville de Mpofi, à 52 km de Walikale, vient de tomber entre les mains des FDLR », qu’« une femme a été violée », et déconseille aux travailleurs humanitaires de se rendre sur place. En trois jours, plus de 200 femmes ont été agressées, souvent à plusieurs reprises et sous les yeux de leur famille.

Pour sa défense, la Monusco affirme maintenant que les agences onusiennes sont nombreuses et qu’elle n’a pas été, elle, destinataire du message. Son porte-parole, Madnodje Mounoubaï, souligne que les 240 viols finalement recensés ont été commis dans 15 villages différents, dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres, et qu’ils étaient donc plus difficilement « repérables ». Quant aux évidents problèmes de communication entre les différents organes de l’ONU, « c’est un autre problème ».

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