L’Iran autrement

À travers des clichés pris entre 2005 et 2009, le journaliste Serge Michel et le photographe Paolo Woods bousculent les idées reçues sur le pays.

Détail de la couverture du livre de photographies « Marche sur mes yeux ».

Détail de la couverture du livre de photographies « Marche sur mes yeux ».

Publié le 15 septembre 2010 Lecture : 2 minutes.

« L’Iran, c’est un pays difficile à comprendre, mais facile à aimer », résume Paolo Woods. À l’occasion des Rencontres d’Arles, le photographe de 39 ans fait le tour de son exposition, où sont rassemblés une série de ses clichés pris en Iran, entre 2005 et 2009. Il a voulu montrer le visage des Iraniens d’aujourd’hui, comme celui de la belle Sanaz, 32 ans, dentiste à Téhéran.

« Quand j’ai montré cette photo, certaines personnes n’en croyaient pas leurs yeux  : “Quoi, il y a des femmes médecins en Iran ?” Bien sûr, et il y a même bien plus que ça, dit-il dans un sourire. Avec ce travail, Serge Michel, le journaliste avec lequel je travaille depuis plus de dix ans, et moi-même voulions aller au-delà des clichés sur l’Iran dont on nous abreuve en Occident : un pays triste, morose, dans la souffrance et le fanatisme religieux. Les Iraniens sont tellement joyeux ! Nous avons donc pris le parti de parler d’Iraniens heureux… »

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Marche sur mes yeux, de Serge Michel et Paolo Woods (éditions Grasset, 22 euros)

Antiphotogénique

Fidèles à la recette qui les a fait connaître (Un monde de brut. Sur les routes de l’or noir, en 2003) et leur a apporté le succès (40 000 exemplaires vendus de La Chinafrique, paru en 2008, sur la présence des Chinois en Afrique, et traduit en plus de dix langues, dont le chinois), le journaliste et le photographe viennent de publier Marche sur mes yeux, un livre qui mêle l’image aux mots. Ou l’inverse. Le texte de Serge Michel (qui a été correspondant à Téhéran à la fin des années 1990) éclaire avec bonheur les situations dans lesquelles ont été prises les photos. Et donne de la matière aux personnages photographiés.

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Des élèves d’une classe de l’École du rire de Téhéran, surpris en pleine séance de travaux pratiques (et donc en pleine rigolade), à la pose étudiée d’un groupe de jeunes snobs dans leur piscine vide (les lois de la République islamique interdisent de montrer le corps en maillot si des voisins peuvent l’apercevoir), les photos bousculent les idées reçues sur les Iraniens.

« J’aime celle des deux frères : l’un est favorable au pouvoir, l’autre est partisan de Moussavi. Et ils posent côte à côte alors qu’ils ne se parlent plus… », explique Paolo Woods. Qui affirme : « Je suis un photographe antiphotogénique. Je me suis éloigné de la tradition du photoreportage pour trouver un nouveau langage. Quelque chose de sincère. » Pour faire le lien avec l’actualité, mais aussi rendre hommage au courage des Iraniens, il propose d’ailleurs un montage vidéo de photos amateurs prises pendant la révolte (et la répression) postélectorale de 2009.

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