Afewerki joue Paris

Toujours très virulent contre les États-Unis, le chef de l’État tente malgré tout de sortir de son isolement.

Issayas Afewerki tente timidement de sortir de son isolement. © Helene C. Stikkel/US Department of Defense

Issayas Afewerki tente timidement de sortir de son isolement. © Helene C. Stikkel/US Department of Defense

Christophe Boisbouvier

Publié le 3 septembre 2010 Lecture : 1 minute.

Et si le président érythréen commençait à mettre de l’eau dans son vin ? Le 18 août à Asmara, l’ombrageux Issayas Afewerki a reçu longuement (plus de deux heures) un émissaire venu très discrètement de Paris, le diplomate Stéphane Gompertz, directeur Afrique au Quai d’Orsay. Une première depuis la visite en 2006 de la ministre française de la Coopération, Brigitte Girardin.

Le 8 juin, déjà, Afewerki avait fait un geste d’ouverture : il avait accepté la médiation de l’émir du Qatar dans le conflit territorial qui l’oppose à la République de Djibouti dans la région frontalière de Ras-Doumeira (zone clé du détroit de Bab el-Mandeb). À son interlocuteur français – dont le pays a de multiples intérêts à Djibouti –, le président érythréen a confié qu’il attendait maintenant les propositions du Qatar sur Ras-Doumeira.

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Souple sur Djibouti, Afewerki reste en revanche intraitable à l’égard de son grand voisin du sud : « Pourquoi l’Éthiopie veut-elle un accès au port d’Assab ? Elle a déjà Djibouti ! » Pas d’ouverture non plus sur la question somalienne. Malgré le rapport 2010 d’un panel de l’ONU sur l’assistance militaire et financière que l’Érythrée apporte aux islamistes somaliens, Afewerki continue de nier toute forme de soutien aux Chabaab de Mogadiscio. « Je sais qu’ils ne sont pas fréquentables, mais, soyez réalistes, il faut faire avec », ajoute-t-il dans ce qui ressemble à un demi-aveu. Le problème, c’est que le maître d’Asmara prétend qu’il ne sait pas comment établir le contact avec ces mêmes Chabaab…

Les sanctions votées en décembre dernier par le Conseil de sécurité de l’ONU contre l’Érythrée commencent donc à produire leurs effets. Pour essayer de sortir de son isolement international, Issayas Afewerki fait les yeux doux aux Djiboutiens et aux Français. Mais il ne bouge pas d’un millimètre sur le front éthiopien et continue de traiter l’Amérique de « grand Satan ». Bref, il calme le jeu sur un front pour mieux tenir sur les deux autres.

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