Cachez cet argent qui pourrait nous faire voir…
Depuis peu, les opérations anticorruption et arrestations conséquentes incitent une certaine élite à la retenue dans l’étalage de richesses par peur de poursuites judiciaires.
Bienvenue chez les riches !
Le mariage a été célébré en 2007 mais le gotha en parle encore… Ce jour-là, le monde de la politique et des affaires s’était donné rendez-vous dans les lieux les plus somptueux de la capitale camerounaise, Yaoundé, pour célébrer la noce de la fille du ministre de l’Économie et des Finances. La robe de haute couture portée par la mariée, la vingtaine de limousines flambant neuves acquises pour l’occasion, les luxueux cadeaux offerts par des hommes d’affaires prêts à tout pour plaire au grand argentier de la République, les hectolitres de champagne grand cru…
Tout semblait alors relever d’un conte des Mille et une nuits. Quelques mois plus tard, le 31 mars 2008, le super-ministre, Polycarpe Abah Abah, était arrêté et incarcéré à la prison centrale de Yaoundé, sous l’objectif de caméras de télévision.
Au sein de l’élite politico-administrative insouciante et nantie, le signal est clair : mieux vaut ne pas attirer l’attention par ces temps d’opération anticorruption Épervier. Désormais, quand on est riche, il faut avoir le bon goût de se cacher. Lors d’une perquisition au domicile d’un autre ancien ministre arrêté le même jour, des policiers se sont même attardés sur un bagage contenant d’innocentes cravates et chemises neuves… Alors que penseront-ils d’un Hummer !, se disent les notables apeurés. Les plus prudents ont discrètement revendu ces « pièces à conviction ».
Mêmes les fêtards ont mis un frein aux extravagances noctambules, depuis qu’un ancien directeur de société pétrolière, en goguette dans la station balnéaire de Kribi, a attiré l’attention des inspecteurs d’État pour avoir sabré le champagne au-delà de la dose prescrite. Il a lui aussi été embastillé par la suite. Ainsi privés de leur clientèle fortunée, les lieux de plaisir souffrent. Les meilleurs clients se recrutent désormais parmi les touristes et les Camerounais de la diaspora en vacances.
Il faut être footballeur, millionnaire et amateur de dance-floor comme Samuel Eto’o ou Geremi N’Jitap pour reprendre, sans en attendre aucun profit, des boîtes de nuit en chute libre. Quant aux people contraints à l’hibernation par les enquêteurs anticorruption, ils s’encanaillent en Afrique du Sud.
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