Cachez ces mendiants…

Au risque de mécontenter les autorités religieuses, le gouvernement sénégalais entend tenir bon après sa décision d’interdire la mendicité dans les rues de Dakar.

Des enfants « talibés » mendient à la fenêtre d’un taxi, dans une rue de Dakar. © AFP

Des enfants « talibés » mendient à la fenêtre d’un taxi, dans une rue de Dakar. © AFP

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 1 septembre 2010 Lecture : 1 minute.

Les pressions des partenaires économiques du Sénégal auraient-elles porté leurs fruits ? Le 24 août, le Premier ministre sénégalais, Souleymane Ndéné Ndiaye, a annoncé qu’il lançait une « mise en demeure », prenant effet dès le 26 août, aux milliers de mendiants qui arpentent les rues de Dakar. Si la population, exaspérée d’être constamment sollicitée, est relativement satisfaite, ce n’est bien sûr pas le cas des marabouts, qui vivent en partie de la quête des talibés (enfants étudiant le Coran dans leurs écoles) et qui invoquent, pour se justifier, l’un des piliers de l’islam, l’aumône légale (zakat). « De la traite d’enfants ! » rétorquent les ONG. Âgés entre 2 et 17 ans, les talibés seraient 50 000, selon Human Rights Watch.

« C’est la première fois qu’une haute autorité de l’État prend des mesures concrètes », se félicite Anta Mbow, directrice de l’Empire des enfants, un centre d’accueil d’enfants des rues. Le gouvernement entend bien cette fois faire appliquer la loi interdisant la mendicité, qui remonte à l’époque de Léopold Sédar Senghor. Mais le texte autorise la quête dans les lieux de culte : « La mendicité est un délit, a ainsi rappelé Ndéné Ndiaye, mais le fait pour un talibé ou toute autre personne de recevoir l’aumône dans un lieu de culte n’est pas assimilable à de la mendicité. » « Cette subtilité ne fera que déplacer le problème », estime cependant Anta Mbow. Qui dénonce l’absence d’organisation et de mesures d’accompagnement pour un problème qui dépasse celui des enfants et concerne aussi des familles dépendantes de l’aumône.

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Le projet gouvernemental risque également de trouver une résistance chez les mourides. La confrérie prospère – qui soutient le président Abdoulaye Wade vit en partie de la mendicité de ses membres (dont les Baye Fall). Nul doute qu’elle ne se laissera pas priver sans mot dire d’une source de revenus non négligeable.

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