Le monde selon Sarkozy
Dans la vision sarkozienne, le monde est au milieu du gué et « le sort hésite entre le meilleur et le pire… » Il revient donc au chef de l’État et à ses alliés de le lui faire franchir. C’est en substance le message adressé, le 25 août, aux 180 ambassadeurs français lors du traditionnel discours de politique étrangère. Des diplomates qui ne cachent pas leur amertume face à la réduction des moyens du Quai d’Orsay et à la désastreuse image donnée par la patrie des droits de l’homme dans « sa chasse aux Roms ». Ils auront néanmoins la lourde charge de vendre les ambitieux projets de la France, qui prendra, pour un an, le 12 novembre, la présidence du G20, et les rênes du G8 le 1er janvier 2011.
Au cœur des priorités sarkoziennes, la lutte contre le terrorisme dans un « arc de crise qui s’étend des frontières du Pakistan aux confins du Sahel, en passant par l’Iran et le Proche-Orient ». Sont particulièrement visés les talibans, les Chabaab et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). La France va poursuivre son engagement en Afghanistan et accentuer son effort en Somalie. Le président a, en outre, lancé un avertissement à l’Iran, qui « représente la principale menace à la sécurité internationale dans le domaine de la prolifération nucléaire », et promet de « protéger et de défendre les États qui se sentiraient menacés ». Il se veut enfin optimiste sur les négociations israélo-palestiniennes : « Un accord de paix peut être signé en un an. »
Régulation et coordination
Sur le plan de la gouvernance économique, Sarkozy veut définir un nouvel ordre mondial où l’instabilité des changes et la volatilité des cours des matières premières seraient bannies. Il a dénoncé un « non-système monétaire international ». Pour lui, seul le G20 dispose du poids et de la légitimité pour imposer une « nouvelle gouvernance mondiale ». Il a proposé à la Chine de tenir un séminaire international pour réfléchir aux moyens de renforcer les mécanismes de gestion de crise, de mieux répartir les réserves mondiales entre les différentes monnaies et d’améliorer la coordination des politiques monétaires. Tirant la leçon des « émeutes de la faim en Haïti ou en Afrique », le président veut enrayer la spéculation sur les matières premières par une meilleure régulation. Il prône plus de transparence des marchés, des politiques de stockage et la création de nouveaux outils d’assurance pour faire face à la volatilité des prix. Enfin, il appelle les leaders du Sud à s’impliquer davantage dans les politiques de développement et sur la question des changements climatiques.
« Nous avons semé les graines sur tous ces sujets, explique un diplomate en poste à Pékin. La Chine ne veut pas entendre parler d’un rééquilibrage du yuan, ni se voir imposer des normes trop strictes sur le climat. Elle fera des concessions, néanmoins, si elle est isolée, sur ce dernier point. Elle pourrait également appuyer les efforts français sur la réforme du Fonds monétaire international (FMI) et la bonne gouvernance. Mais le temps et les desseins sarkoziens ne sont pas ceux de la Chine. »
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