Aux (trop) petits soins des séniors

Si la prévention des pathologies liées à la vieillesse ne date pas d’hier, des problèmes demeurent : la gériatrie peine à s’imposer, tandis que l’hospitalisation à domicile n’est pas à la portée de toutes les bourses.

Deux frères à Sfax. Avec la prévention, l’espérance de vie sans incapacité est à 65 ans. © ONS ABID

Deux frères à Sfax. Avec la prévention, l’espérance de vie sans incapacité est à 65 ans. © ONS ABID

Publié le 3 septembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Santé : l’Afrique au banc d’essai
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Santé : l’Afrique au banc d’essai

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C’est un fait : la Tunisie vieillit. Les plus de 60 ans représentent aujourd’hui 10 % de la population et seront près de 18 % à l’horizon 2030. La hausse des dépenses de santé est inéluctable : si elles ont été en moyenne de 370 dinars (environ 192 euros) par habitant en 2009, elles sont cinq fois plus élevées chez les plus de 65 ans. Et l’augmentation de l’espérance de vie moyenne, actuellement de 74 ans, pourrait encore alourdir la note.

Il faut par ailleurs compter avec l’apparition de nouvelles pathologies handicapantes (comme le cancer et la maladie d’Alzheimer). Le cancer, notamment à travers la lutte contre le tabagisme, est aujourd’hui le cœur de cible des actions de l’État, qui, dès les années 1970, avait lancé un programme national de prévention du diabète (communication radio-télé, prise en charge des traitements, etc.). Ces campagnes ont permis de porter l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans, contre moins de 60 ans il y a une trentaine d’années. Mais la prévention a ses limites.

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L’accompagnement des malades de longue durée, majoritairement des séniors devenus dépendants, souffre de deux manques. D’abord la formation. En effet, la gériatrie ne trouve pas encore sa place. Elle est considérée par le ministère de la Santé comme une compétence et non une spécialité, validée par un simple master depuis 2001. Les gériatres, peu nombreux et souvent formés à l’étranger, peinent à promouvoir leur domaine d’intervention. « Les familles s’adressent aux spécialistes, chacun d’entre eux prescrivant sans visibilité générale, si bien que le patient se retrouve avec trop de médicaments, parfois contre-indiqués, explique Samy Allagui, spécialiste en gériatrie. Le rôle du gériatre, en partie, est de rationaliser tout cela. » Outre sa compétence de prescripteur, il est aussi celui qui va pouvoir organiser et suivre une hospitalisation à domicile, autre point faible de la prise en charge tunisienne.

Coûteuses auxiliaires de vie

Il s’agit pourtant d’un élément crucial du traitement des personnes âgées, écartées des hôpitaux dès que leur état de santé nécessite un séjour de longue durée. Si, dans tous les cas, la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) assure une prise en charge totale des médicaments, les frais liés aux soins ne sont remboursés que lors des séjours en établissement. L’hospitalisation à domicile est à la charge des familles. Pas de problème a priori pour les classes aisées ni pour les plus démunis (personnes âgées seules), qui bénéficient de centres d’accueil publics.

Il n’en va pas de même pour les classes moyennes, qui ont bien souvent du mal à s’organiser, dans un environnement social qui a changé. Les maisons communes spacieuses ont disparu, les familles vivent aujourd’hui plus à l’étroit, ce qui complique l’adaptation des habitations. Et les couples travaillent. L’accueil d’un sénior nécessite alors le recours aux auxiliaires de vie. Leurs services, délivrés dans le cadre d’une profession libérale, génèrent un surcoût non pris en charge par la Cnam. Les familles nombreuses pourront toujours trouver un compromis, mais « la situation la plus difficile est quand le sénior n’a qu’un seul enfant, relève Zine el-Abidine Ennaifar, psychiatre et expert auprès de la Cnam. C’est là où la Cnam doit encore intervenir. » Car rationaliser les dépenses maladie est de l’intérêt de tous.

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