Le grand ménage continue
Le limogeage des dirigeants de la Bourse témoigne de la volonté de l’État de réformer le secteur bancaire.
![Aliko Dangote, président de la Place de Lagos, a été suspendu. © Micke Hutchings/Reuters](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2010/08/27/027082010121633000000dangote.jpg)
Aliko Dangote, président de la Place de Lagos, a été suspendu. © Micke Hutchings/Reuters
Un an après le traitement de choc (limogeage de patrons de banques, injection de 4 milliards de dollars, soit environ 2,8 milliards d’euros, dans neuf établissements et adoption de règles de gouvernance plus strictes) que lui a administré la banque centrale du pays, le secteur bancaire nigérian, qui a évité in extremis la catastrophe en 2009, recouvre progressivement la santé. « On peut raisonnablement dire aujourd’hui qu’il est assez assaini », affirme Cyrille Nkontchou, fondateur de la société de gestion d’actifs Enko Capital, basée à Londres.
Mais il reste encore du chemin à parcourir pour doter la première économie d’Afrique de l’Ouest d’un système financier capable de soutenir sa croissance. Raison pour laquelle les autorités du pays poursuivent sans relâche le grand ménage entamé en 2009. En limogeant, le 6 août, les dirigeants du Nigerian Stock Exchange (NSE) – et en suspendant son président, Aliko Dangote – pour mauvaise gestion et manque de prévoyance, « elles ont donné un coup de balai indispensable pour atteindre cet objectif », estime Cyrille Nkontchou.
Avant ce coup d’éclat, c’est Goodluck Jonathan, le président nigérian lui-même, qui est intervenu pour faire adopter par le Parlement une loi portant création d’une « bad bank » ayant pour vocation de débarrasser le secteur de tous les actifs toxiques. Cette structure, dénommée « Asset Management Company of Nigeria (Amcon) », similaire au fonds mis en place en 2008 par les États-Unis au lendemain de la crise des subprimes pour apurer le secteur bancaire, devrait racheter pour 16 milliards d’euros de créances douteuses des banques du Nigeria. Elle sera financée par la Banque centrale et les banques commerciales elles-mêmes, seul moyen, selon les experts, de les responsabiliser.
Restaurer la confiance
Razia Khan, directrice Afrique du département recherche de Standard Chartered Bank, à Londres, estime que cette mesure, si elle est appliquée, devrait permettre de restaurer la confiance dans le secteur bancaire et ainsi de débloquer les crédits destinés aux entreprises privées. Il faut dire que, depuis le renforcement des contrôles de la Banque centrale, les banques nigérianes, y compris celles qui se portent bien, ont considérablement réduit leurs prêts. Selon l’analyste de Standard Chartered Bank, elles ont pourtant encore beaucoup de liquidités. Ce qui devrait leur permettre de renouer avec leur métier : financer l’économie.
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