Banque Atlantique à nouveau sur les rails
Après l’entrée de la Banque ouest-africaine de développement dans son capital, le groupe entend attirer de nouveaux investisseurs institutionnels.
![Plus de 150 agences sont réparties dans les huit pays africains. © Vincent Fournier/J.A](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2010/09/03/003092010124650000000banque.jpg)
Plus de 150 agences sont réparties dans les huit pays africains. © Vincent Fournier/J.A
Histoire d’une renaissance ? Il y a deux ans encore, le groupe Banque Atlantique était confronté à de graves problèmes. Ses filiales manquaient de liquidités et trois de ses dirigeants étaient limogés en 2008 pour mauvaise gestion. Aujourd’hui, le groupe présidé par l’homme d’affaires ivoirien Bernard Koné Dossongui est à nouveau en ordre de marche. Après l’annonce, en mars, d’un bilan record de plus de 1,5 milliard de dollars (1,2 milliard d’euros) au titre de son exercice 2009, ce qui lui a permis de réinjecter 34 milliards de F CFA (52 millions d’euros) dans l’ensemble de ses filiales, le groupe vient d’accueillir dans son capital la Banque ouest-africaine de développement (BOAD). L’accord, conclu début août à Lomé, permet à l’institution des huit États membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) de détenir 10,7 % du capital de Banque Atlantique, pour 6 milliards de F CFA.
« Cette prise de participation de la BOAD, explique Charles Kié, le directeur général du groupe, entre dans la droite ligne du processus de renforcement de nos ressources financières que nous avons démarré deux ans plus tôt, et dont l’objectif est de disposer de moyens suffisants pour affronter la concurrence, poursuivre notre croissance et résister à d’éventuels chocs dans le secteur. » Par cette recapitalisation, Banque Atlantique se prépare aussi à l’entrée en vigueur de l’obligation faite aux groupes bancaires de la zone franc CFA de doter chacune de leurs filiales d’un capital minimal de 10 milliards de F CFA avant la fin de 2012. Présent dans huit pays (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal et Togo), où il compte 300 000 clients et plus de 150 agences, Banque Atlantique a fait passer son capital social de 25 milliards de F CFA en 2008 à plus de 56 milliards de F CFA aujourd’hui.
Phase de négociations
Tout comme son aîné Ecobank, lui aussi en quête de capitaux pour consolider son expansion, Banque Atlantique a choisi de recourir avant tout aux financements institutionnels. « Nous sommes actuellement en discussion avec d’autres institutions financières internationales pour leur entrée éventuelle dans le capital du groupe. Ces négociations pourraient aboutir d’ici au début de l’année prochaine », confie le directeur général, refusant toutefois de nommer les organisations en question. Mais il pourrait bien s’agir de la Banque africaine de développement (BAD), de la Société financière internationale (SFI, filiale de la Banque mondiale) ou encore de Proparco, le bras financier de l’Agence française de développement (AFD), qui est déjà actionnaire d’une banque africaine (Bank of Africa). Pour l’heure, le groupe a décidé de fermer l’entrée dans son capital aux établissements étrangers.
Banque Atlantique semble avoir réussi le pari de sa restructuration, qui s’est notamment traduite par la fusion, en janvier 2009, en Côte d’Ivoire – son principal marché –, de ses deux filiales locales : Compagnie bancaire de Côte d’Ivoire (Cobaci) et Banque Atlantique Côte d’Ivoire (Baci). Aujourd’hui son holding Atlantique Financial Group (AFG), créé en 2005 dans la zone franche du Togo, est la tête de pont d’un ensemble constitué d’une société de gestion et d’intermédiation financière (Atlantique Finance), d’une société de services et d’ingénierie informatiques (Atlantique Technologies SA) et d’une société de transfert d’argent rapide (Money Cash Worldwide).
Fort du succès de sa restructuration, le groupe s’est offert le luxe de voler au secours de la Société ivoirienne de raffinage, au bord du gouffre financier, en lui accordant en juillet un crédit d’environ 75 millions d’euros pour financer son approvisionnement en pétrole. En 2009, il avait également cofinancé, avec la Biao Côte d’Ivoire, autre poids lourd, l’acquisition par la Société nationale d’opérations pétrolières de Côte d’Ivoire (Petroci) du réseau local de distribution de Texaco. Montant de l’opération : 20 milliards de F CFA.
Banque Atlantique, qui n’a plus ouvert de filiale depuis son entrée au Cameroun en 2009, cherche à s’implanter en RD Congo et en Guinée équatoriale, mais veut en priorité consolider son réseau. « Après la phase d’implantations sous-régionales, nous allons renforcer notre présence, gagner des parts de marché pour rendre nos filiales encore plus rentables », indique Charles Kié.
Le groupe, qui se positionne notamment sur le segment du commerce régional grâce au financement des PME-PMI, entend développer son activité dans les paiements via la téléphonie mobile et le transfert d’argent. Selon son patron, « le taux de bancarisation n’est plus l’instrument adéquat pour mesurer la proportion des populations ayant accès aux services financiers ». Car, affirme-t-il, de plus en plus d’Africains bénéficient de ces services sans forcément être titulaires d’un compte bancaire. Le taux de « financiarisation » serait mieux indiqué.
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