La surprise du chef

La nomination du général Isik Kosaner comme chef d’état-major de l’armée est un succès pour le gouvernement islamo-conservateur de l’AKP.

Erdogan et les principaux chefs militaires, le 1er août, au mausolée de Mustapha Kemal, à Ankara. © Umit Bektas/Reuters

Erdogan et les principaux chefs militaires, le 1er août, au mausolée de Mustapha Kemal, à Ankara. © Umit Bektas/Reuters

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Publié le 25 août 2010 Lecture : 2 minutes.

Tous les deux ans, en août, l’armée turque désigne ses chefs sans que le gouvernement ait son mot à dire. Lors du Conseil militaire suprême (YAS), elle décide tout aussi discrétionnairement des promotions et révoque les « éléments réactionnaires » (islamistes).

Mais, en cette édition 2010, l’opération de routine a tourné au bras de fer. Présent à toutes les séances du YAS, Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre, soutenu par le président, Abdullah Gül, a refusé d’entériner la nomination du général Hasan Igsiz à la tête de l’armée de terre. Motif : ce dernier est cité à comparaître dans l’affaire Ergenekon, du nom de ce gang politico-militaro-mafieux découvert en 2007 et soupçonné d’avoir comploté contre le gouvernement.

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Erdogan s’est également opposé à la promotion de onze généraux et amiraux d’active qui font l’objet d’un mandat d’arrêt depuis le 23 juillet en raison de leur implication présumée dans le plan Massue, l’une des multiples conspirations visant à susciter des troubles dans le pays pour justifier un coup d’État militaire.

Le veto du Premier ministre a aussitôt ravivé les tensions. En pleine réunion du YAS, le général Atila Isik, dont Erdogan poussait la candidature, a fait valoir précipitamment son droit à la retraite. La session s’est achevée sans que les principaux responsables de l’armée aient été désignés. Ce n’est que le 8 août, un dimanche soir, qu’un accord a été trouvé : Isik Kosaner (64 ans) succède à Ilker Basbug comme chef d’état-major, tandis qu’Erdal Ceylanoglu profite de la mise à l’écart de Hasan Igsiz.

Depuis plusieurs mois, le gouvernement marque des points contre une ­armée affaiblie par la découverte de plusieurs projets de putsch et qui se voit reprocher des défaillances dans sa lutte contre les séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, plus de 200 morts depuis le printemps dernier, dont une cinquantaine de ­militaires).

Fort de sa victoire sur le YAS, Erdo­gan est reparti battre la campagne. Objectif : remporter le « oui » au ­référendum sur la révision de la Constitution, qui aura lieu le 12 septembre, jour anniversaire du coup d’État de 1980… 

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