La fausse note de Mohsen Cherif
Les « Yahya Bibi » Mohsen Cherif ont créé la polémique dans tout le monde arabe. © Capture d’écran/YouTube
Publié le 25 août 2010 Lecture : 1 minute.
Pour les juifs d’origine tunisienne, un événement familial se doit de porter l’empreinte du pays de leur enfance. Lors d’un mariage, fin juillet, à Eilat, en Israël, trois artistes tunisiens, dont le chanteur Mohsen Cherif, ont recréé l’ambiance du passé en jouant des airs populaires judéo-tunisiens. La chose aurait été banale si elle n’avait eu lieu à Eilat, et si Cherif ne s’était fendu, à la demande d’un invité, de plusieurs « Yahya Bibi Netanyahou ! » (« Vive Bibi Netanyahou ! ») tonitruants. Mise en ligne, la vidéo de la scène (voir ci-dessous) a provoqué un tollé général en Tunisie et dans le monde arabe. Que les artistes courent le cachet se conçoit, mais chanter publiquement les louanges du peu pacifique Premier ministre israélien relève de l’indécence et de la provocation. En moins de deux jours, 40 000 internautes tunisiens exigeaient que Mohsen Cherif soit déchu de la nationalité tunisienne. Des médias, dont Al-Jazira, suggèrent rien de moins qu’une condamnation pour trahison. Cherif, qui ne jouit pas d’une très bonne réputation malgré un air débonnaire, se défend : « C’était dans un contexte festif, je ne connais pas Netanyahou, je l’ai dit juste pour mettre un peu d’ambiance, il ne faut pas tout prendre au sérieux ! »
Mais le Syndicat tunisien des professions musicales, appuyé par celui des écrivains et par l’Union générale des travailleurs tunisiens, ne l’entend pas de cette oreille et demande aux autorités de veiller à ce que les artistes du pays du Jasmin ne se produisent plus en Israël, conformément à une résolution de la Ligue arabe, et appelle au boycott pur et simple de ces musiciens. Pour sa part, l’Ordre des avocats de Tunisie se réserve le droit de poursuivre Mohsen Cherif.
