Keffiehs « made in China »
Yasser Arafat coiffé de son Keffieh, à Tunis en 1994. © Maher Attar/Sygma/Corbis
Publié le 24 août 2010 Lecture : 1 minute.
Yasser Arafat le disposait sur sa tête en forme de carte de la Palestine. Aujourd’hui, dans les capitales européennes, les jeunes le portent en foulard. Cette coiffe traditionnelle du Proche-Orient est devenue le symbole de la cause palestinienne dans les années 1960. Longtemps fabriqués en Cisjordanie, les keffiehs vendus en Palestine, y compris à Jérusalem, sont désormais importés de Chine, pour un prix de 2 euros l’unité, contre 4 euros pour son pendant local. Il n’existe plus qu’un seul atelier de production palestinien, celui de Yasser Hirbawi, 76 ans, à Hébron, qui en fabrique 70 par jour, contre 500 auparavant. Il est vrai que les touristes se font rares et que les jeunes Palestiniens se coiffent à l’occidentale. En outre, depuis les accords d’Oslo, en 1993, l’importation de keffiehs est autorisée, d’où l’arrivée en force de produits made in China. Enfin, l’interdiction pour les fabricants palestiniens, au lendemain de la seconde Intifada, en 2000, de se rendre en Israël pour écouler leurs marchandises a fait le reste.
Le journaliste israélien Gideon Levy rapporte dans le quotidien Haaretz l’inquiétude des fils de Yasser Hirbawi quant à l’avenir de l’atelier. « Ce que nous savons faire, c’est des keffiehs. Et si nous essayons de produire des tee-shirts, nous serons encore en concurrence avec la Chine. » Même l’Autorité palestinienne a récemment fait importer des keffiehs chinois à l’occasion des cérémonies commémorant le décès d’Arafat…
La coiffe reste cependant un symbole fort. En mai, des militants ont confectionné sur la pelouse d’un stade de Beyrouth un keffieh géant à l’aide de 6 500 keffiehs, établissant un nouveau record. L’histoire ne dit pas s’ils provenaient des ateliers de Cisjordanie ou de Chine…
