Accompagner l’expansion économique accelérée de l’Afrique
Akihiko Tanaka est le Président de l’Agence japonaise de coopération internationale (Japan International Cooperation Agency, Jica)
Ticad : quand le Japon accueille l’Afrique
L’Afrique concentre l’attention du monde entier, qui a pu observer le rythme soutenu de la croissance économique de ce continent au cours de la dernière décennie. Alors que la demande mondiale en ressources naturelles et produits de base continue d’augmenter, l’Afrique apparaît comme une nouvelle frontière pour les investisseurs étrangers. L’attention particulière que lui porte le Japon ne se limite pas aux seuls enjeux du développement : le continent africain, dont les marchés et potentiels d’investissements sont en pleine expansion, regorge désormais d’opportunités d’affaires.
Il ne faut cependant pas sous-estimer les obstacles que l’Afrique doit surmonter dans sa croissance. La pauvreté, les inégalités, le chômage, les risques naturels et les menaces transnationales telles que les conflits frontaliers ou le terrorisme – en particulier dans le Sahel – continuent de la fragiliser. Pour le Japon, la stabilité en Afrique reste un enjeu fondamental non seulement pour ce continent, mais aussi pour la communauté internationale, qui aspire à ce que les populations vivent en sécurité, à l’abri de la peur et du besoin.
La cinquième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad V), qui se tiendra à Yokohama du 1er au 3 juin, se concentrera sur la croissance inclusive du continent africain et la résilience de sa population aux risques naturels pour poursuivre l’objectif d’« expansion économique accélérée » énoncé dans le plan d’action de Yokohama lors de la Ticad IV.
Nous collaborons activement avec le privé pour l’accès aux services de base.
Au cours des visites que j’ai effectuées depuis un an dans différents pays d’Afrique subsaharienne, notamment francophone, j’ai été impressionné par les multiples promesses de ce continent, la richesse de ses ressources naturelles, son potentiel agricole – qui pourrait s’avérer crucial pour satisfaire à la demande mondiale -, mais aussi par sa jeunesse en tant que source dynamique de main-d’œuvre qualifiée, qui sont autant d’atouts pour accélérer encore son développement. Je suis également fortement confiant dans la détermination des principaux dirigeants africains à vouloir transformer ce continent afin qu’il devienne un nouveau pôle de croissance pour l’économie mondiale.
En tant qu’institution spécialisée offrant un éventail complet de mesures d’aide, et conformément à sa vision d’un « développement inclusif et dynamique », l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica) entend intensifier la mise en place de solutions qui permettront de relever les défis du développement avec ses partenaires en Afrique, à travers les divers mécanismes que sont la coopération technique, les dons, les prêts d’APD [aide publique au développement, NDLR] et le financement des investissements du secteur privé, mais aussi de nouvelles pratiques, dites « synnovatives ». Par « synnovation », on désigne des approches et solutions innovantes, menées conjointement avec des partenaires internationaux, via des méthodes interactives et dynamiques.
Notre réseau de 34 bureaux sur ce continent (dont un tiers basé dans des pays francophones) est aussi un atout précieux pour entretenir des liens étroits avec nos partenaires africains et promouvoir ces synnovations. Ces bureaux peuvent servir de plateformes pour faciliter la collaboration entre les acteurs du développement, la société civile, les universitaires et le secteur privé. Ces approches et ce réseau permettent aux actions de coopération de la Jica de couvrir des domaines très divers – infrastructures socio-économiques, bonne gouvernance, développement des institutions, des ressources humaines, de l’agriculture, de l’emploi, etc. – pour favoriser une croissance inclusive et durable en Afrique.
En vue de renforcer le rôle de l’entreprise dans la dynamique de développement, la Jica a voulu collaborer plus activement ces dernières années avec le secteur privé, notamment avec les entreprises opérant à la base de la pyramide sociale (selon le concept « Base of the Pyramid », BOP), qui contribuent à réduire la pauvreté en fournissant des services et produits essentiels aux plus démunis, tout en générant des bénéfices. Cette collaboration doit permettre d’améliorer l’accès des plus pauvres aux différents services de base grâce aux approches innovantes du secteur privé (qui viendront compléter l’offre publique) et de renforcer la sécurité humaine.
À l’occasion du vingtième anniversaire du partenariat Afrique-Japon mis en œuvre dans le cadre du processus de la Ticad, j’espère sincèrement que la prochaine conférence de Yokohama, en juin, constituera une étape majeure dans l’instauration d’un développement durable et inclusif sur le continent africain, en collaboration avec tous nos partenaires.
* Président de l’Agence japonaise de coopération internationale (Japan International Cooperation Agency, Jica)
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