Blaise for ever

Le parti au pouvoir s’est prononcé en faveur de la levée de la limitation du nombre des mandats présidentiels.

Le chef de l’État burkinabè Blaise Compaoré, le 18 décembre 2009 à Copenhague. © AFP

Le chef de l’État burkinabè Blaise Compaoré, le 18 décembre 2009 à Copenhague. © AFP

Publié le 24 août 2010 Lecture : 1 minute.

Officiellement, Blaise Compaoré n’a rien demandé. C’est son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), qui, le 6 août, a estimé légitime et nécessaire de modifier la Constitution pour permettre au chef de l’État, candidat à sa propre succession en 2010, de briguer un nouveau mandat en 2015.

Les arguments sont connus : pourquoi empêcher le peuple, s’il veut toujours Compaoré comme président, de pouvoir voter pour lui ? Il y a des démocraties bien établies où le nombre de mandats n’est pas limité. Laisser l’opportunité au chef de l’État de se représenter, ce n’est pas lui garantir la victoire, etc. Avant le CDP, d’autres en Afrique ont testé et rodé l’argumentaire.

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Le Burkina Faso n’en est pas au premier chamboulement des règles du jeu. Septennat, puis quinquennat… Il aura fallu une grave crise sociale après l’assassinat, en décembre 1998, du journaliste Norbert Zongo pour que le nombre de mandats soit limité à deux. Au sein du parti au pouvoir, l’unanimité autour d’une nouvelle réforme n’est que de façade. À huis clos, certains s’inquiètent de l’impact qu’aura une telle réforme, à l’intérieur comme à l’extérieur. D’autres y sont opposés par principe.

Il n’est pas certain que l’opposition puisse mobiliser comme l’avait fait la société civile en 1998. « La Constitution prévoit le droit à la désobéissance civile. Il y aura un sursaut du peuple burkinabè », assure pourtant Me Bénéwendé Sankara, figure de l’opposition. En février, les évêques s’étaient prononcés contre la réforme, qualifiée de « retour en arrière ». Ils avaient prôné la protection des « acquis sociaux et politiques » du peuple burkinabè.

À l’extérieur, le Parti socialiste français a été le premier à réagir, et a estimé que le projet s’inscrivait « dans un mouvement de régression du pluralisme et de la vitalité démocratique en Afrique francophone, puisque de telles manipulations constitutionnelles ont déjà été menées au Tchad, au Cameroun et au Niger au cours des dernières années ».

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