Il était un vilain navire…
C’est un pestiféré à qui tous les ports de la façade Atlantique sont désormais interdits. À peine le MV Nashville était-il aperçu au large des côtes ouest-africaines que le ministre camerounais de l’Environnement donnait l’alerte, dans un communiqué publié le 11 août.
Selon Pierre Hélé, ce cargo chargé de « déchets toxiques dangereux » aurait appareillé début juin dans le port espagnol d’Algésiras. Direction : Apapa, près de Lagos, au Nigeria. Immatriculé à Rotterdam (Pays-Bas), et affrété par l’armateur danois Maersk, il destinait sa cargaison à des importateurs nigérians de matériaux de récupération. Dans ses conteneurs, plusieurs tonnes de déchets industriels et électroniques : téléviseurs, ordinateurs, réfrigérateurs, générateurs, batteries… en provenance d’Autriche. « Les allégations du Cameroun ne sont pas fondées. Le bateau ne transporte rien d’illégal. Quinze de ses conteneurs ont été inspectés par les autorités nigérianes. Elles n’ont rien trouvé de toxique », se défend David Skov, directeur général de Maersk-Nigeria.
« La marine a repéré le navire dans nos eaux territoriales dans la nuit du 14 au 15 avril 2010, et il a été arraisonné le matin suivant après avoir accosté à Lagos », confie Ngeri Benebo, directrice de l’Agence nigériane chargée de l’application des standards de l’environnement (Nesrea). Mais, avoue-t-elle, « on ne peut certifier qu’une partie de la cargaison n’a pas été débarquée avant l’arrivée des inspecteurs ».
Deux mois plus tard, on signale le MV Nashville au large d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, où il n’est pas le bienvenu : grâce à un réseau d’alerte mis en place par les commandants de ports de la zone, les Ivoiriens avaient déjà été informés de sa présence par le Port de Douala. « Échaudés par l’affaire du Probo Koala [en 2006, NDLR], nous avons pris toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des Ivoiriens », explique Marcel Gossio, directeur général du Port autonome d’Abidjan. Sans doute prévenu, le vraquier a préféré éviter la Côte d’Ivoire. Revenu à Apapa le 7 août, après être passé par Lomé, au Togo, et par Onne et Tin Can, au Nigeria, le «â navire-poubelle » attend toujours au large l’autorisation d’accoster.
« Le trafic de déchets génère de gros profits », souligne un expert de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et la santé publique, en France. Différents composants à base de métaux précieux sont récupérés afin d’être revendus. Les plastiques et les gaz finissent, eux, dans des déchetteries à ciel ouvert, facteurs de risques sanitaires.
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