Fumiko Hayashi : « Il faut savoir partager notre expérience du développement »

Première femme à diriger la deuxième ville du pays, l’ex-businesswoman revient sur les liens entre l’Afrique et sa cité, qui accueille la Ticad depuis 2008.

L’ancienne dirigeante de BMW Tokyo et de Nissan Tokyo est entrée en politique en 2009. © Mairie de Yokohama

L’ancienne dirigeante de BMW Tokyo et de Nissan Tokyo est entrée en politique en 2009. © Mairie de Yokohama

Publié le 29 mai 2013 Lecture : 3 minutes.

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Ticad : quand le Japon accueille l’Afrique

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Élue maire de Yokohama en 2009, Fumiko Hayashi, 67 ans, est une femme de caractère. Cette entrepreneuse a travaillé pendant de nombreuses années dans le secteur automobile, réputé plutôt masculin. Elle a dirigé tour à tour BMW Tokyo et Nissan Tokyo, deux des principaux distributeurs de voitures dans l’archipel, mais également la chaîne de supermarchés Daiei. Désignée par le magazine Forbes comme l’une des femmes les plus influentes du monde dans son classement de 2006, il était naturel qu’elle s’intéresse à la politique. Profitant de la démission-surprise de son prédécesseur, Hiroshi Nakada, cette habitante de longue date de Yokohama est parvenue à convaincre les électeurs, devenant la première femme à diriger une cité de cette importance au Japon.

Propos recueillis par Claude Leblanc

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Jeune Afrique : Yokohama accueille pour la deuxième fois la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad), du 1er au 3 juin. Qu’est-ce qui rapproche votre ville du continent africain ?

Fumiko Hayashi : Je citerai d’abord un point historique. Hideyo Noguchi, à qui l’on doit d’avoir découvert l’agent pathogène de la syphilis, a beaucoup travaillé en Afrique. Il y est décédé de la fièvre jaune, sur laquelle il menait des recherches. C’est à Yokohama qu’il avait implanté son centre de recherches. On peut aujourd’hui le visiter et en apprendre plus sur ce personnage et son rapport à l’Afrique. C’est une première manière pour nos concitoyens d’appréhender le continent.

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Nous faisons aussi en sorte d’intéresser la population aux sujets africains en organisant différentes opérations en amont de la Ticad. Nous avons mis en place le projet « une école-un pays ». Chaque établissement choisit un pays africain et développe des activités pour sensibiliser les enfants à la vie et à la culture dans cet État. C’est très important de travailler avec les enfants, car nous voulons en faire des citoyens du monde, ouverts sur d’autres horizons.

De nombreuses entreprises de l’agglomération travaillent déjà en Afrique

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Nous nous adressons également aux adultes en réalisant une opération de sensibilisation baptisée « une station-un pays » sur l’ensemble de notre réseau métropolitain. Les usagers découvrent dans chaque station des informations variées sur les 54 États du continent africain. Ce travail d’information est d’autant plus important que Yokohama était, il y a encore cent cinquante ans, un tout petit village. à mes yeux, il est nécessaire que nous sachions partager notre expérience du développement.

Ce qui a été fait jusqu’à présent était insuffisant ?

En effet, et j’aimerais que nous mettions en oeuvre un partenariat plus constructif avec l’Afrique. La ville de Yokohama s’est investie depuis quelque temps dans les questions environnementales. Notre expérience en la matière peut être partagée et il est évident que les pays africains sont demandeurs. Pendant la Ticad, nous allons d’ailleurs organiser plusieurs présentations sur le sujet, notamment la Future Initiative City et le Smart City Project, à travers lesquels nous agissons concrètement sur la consommation d’énergie. Nous sommes également la seule ville du Japon à avoir institué une taxe verte grâce à laquelle nous entretenons et développons notre patrimoine environnemental.

En tant qu’ancienne chef d’entreprise, vous devez être sensible au volet économique d’une rencontre comme la Ticad.

Bien sûr. De nombreuses entreprises qui sont implantées à Yokohama travaillent déjà en Afrique. C’est le cas par exemple de JGC, dont 10 salariés ont péri lors de l’attaque en janvier contre le site gazier d’In Amenas, en Algérie. Malgré cet incident, nous souhaitons améliorer la connaissance des marchés. Nous organiserons des séminaires en ce sens et ferons en sorte d’y associer davantage les femmes. Un point crucial à mes yeux.

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