Déby Itno veut-il chasser l’Épervier ?

Le président tchadien Idriss Deby Itno, le 22 juillet 2010 à N’Djamena. © AFP

Le président tchadien Idriss Deby Itno, le 22 juillet 2010 à N’Djamena. © AFP

Christophe Boisbouvier

Publié le 24 août 2010 Lecture : 1 minute.

A priori, c’est gonflé ! En février 2008, sans la sauvegarde de l’aéroport par les forces françaises du dispositif Épervier, Idriss Déby Itno n’aurait pas pu jeter ses hélicoptères dans la bataille de N’Djamena, et les rebelles se seraient peut-être emparés de son palais. Mais, le 11 août dernier, le président tchadien a lancé : « Nous allons revoir l’accord de siège. Si la France dit qu’elle n’a pas les moyens pour payer, nous garderons les meilleures relations possible, mais nous n’empêcherons pas Épervier de partir. »

Propos de circonstances ? Pas si simple. Bien sûr, comme Abdoulaye Wade annonçant, en avril, la « fermeture » de la base française de Dakar, le chef de l’État tchadien joue habilement sur le ressort anti-Français le jour du cinquantième anniversaire de l’indépendance. Mais Idriss Déby Itno fait aussi monter les enchères. En substance, il dit aux Français : « Depuis 2003, vous payez un loyer annuel de 30 millions d’euros à Djibouti. Désormais, la base de N’Djamena aura aussi un coût. »

la suite après cette publicité

De fait, depuis la mise en place d’Épervier, en 1986, Paris n’a jamais payé de loyer. Ces cinq dernières années, les Français ont apporté au régime des renseignements précieux sur les mouvements rebelles, grâce notamment aux « yeux » et aux « oreilles » de leurs avions­. Ils ont aussi apporté des prestations gratuites à la population (environ mille interventions chirurgicales et dentaires par an). En échange, le Tchad a fourni gracieusement ses installations aéroportuaires.

Idriss Déby Itno veut-il mettre les Français dehors ? « Nous voulons le réaménagement d’Épervier, pas son départ », répond l’un de ses conseillers. En fait, à l’heure où N’Djamena et Khartoum se réconcilient sur le dos des rebelles, Déby Itno est moins dépendant de la France. Il veut donc négocier. Vu de Paris, Épervier (950 hommes, 3 Mirage 2000, etc.) coûte déjà 40 millions d’euros par an. Si le Tchad est trop gourmand, la France se repliera sur Libreville, au Gabon. Le président tchadien entame une partie de poker. Une de plus…

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires