Fièvre médiatique
La plus exemplaire des démocraties africaines est-elle en train de dérailler ? C’est ce que craignent les journalistes, les associations de défense de la liberté de la presse et l’opposition depuis que le gouvernement prépare deux lois – l’une sur la protection de l’information, l’autre créant un tribunal spécial pour la presse écrite – qu’ils estiment liberticides.
La première doit se substituer à un texte très restrictif qui date de l’apartheid. Mais la nouvelle version ne plaît pas davantage que l’ancienne. Elle stipule que les journalistes seront passibles de poursuites s’ils dévoilent des informations « d’intérêt national ». Un terme vague, qui ouvre la porte à tous les abus, estiment les intéressés.
Quant au futur « Tribunal d’appel » chargé de juger des plaintes contre des journalistes de presse écrite pour informations « inexactes ou injustes », il soulève le même tollé. « Nous sommes totalement opposés à toute forme de contrôle par l’État. Nous soutenons le principe de l’autorégulation », indique Mary Papayya, présidente du Forum des éditeurs de presse, pour qui ce tribunal sera « contrôlé par l’ANC », au pouvoir.
« Il est inadmissible qu’un lobby, en l’occurrence les médias, puisse vous dénigrer ou vous diffamer sans que vous ayez aucun recours contre lui », argumente le porte-parole de l’ANC. Toujours prompt à dégainer la carte raciale, le parti reproche aussi aux groupes de presse de « ne pas jouer le jeu de la transformation », manière de dire qu’ils seraient encore aux mains des Blancs. Seule voix dissonante, Tokyo Sexwale, ministre et businessman, à la tête de l’un des principaux empires médiatiques du pays, s’est publiquement opposé à cette réforme « anticonstitutionnelle » qui va « à l’encontre des principes de Nelson Mandela ».
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