Japon : « Main dans la main avec une Afrique plus dynamique »

Fumio Kishida est le ministre des Affaires étrangères du Japon.

Publié le 30 mai 2013 Lecture : 6 minutes.

Le Gouvernement du Japon organise du 1er au 3 juin prochain la 5ème Conférence internationale de Tokyo sur le Développement de l’Afrique (TICAD V) à Yokohama. Principal forum international pour le développement de l’Afrique, cette rencontre est organisée conjointement avec les différentes organisations internationales (l’ONU, la Banque mondiale, etc.) ou encore la Commission de l’Union Africaine, et réunit à l’invitation du Premier ministre japonais les chefs d’État et de Gouvernement africains. Durant ce sommet, les participants discuteront de la mise en place de moyens permettant de promouvoir le développement économique de l’Afrique et de lutter contre la pauvreté et les conflits sur le continent. Cette 5ème édition marquera les vingt ans du processus, qui se déroule tous les cinq ans depuis son lancement en 1993.

Le renforcement des relations économiques entre le Japon et une Afrique en plein essor est mutuellement bénéfique. Les pays africains sont heureux d’accueillir sur leur sol les entreprises japonaises, dont la présence est synonyme de création d’emplois et de transfert de technologie. Ils souhaitent réaliser un développement économique similaire à celui qu’ont connu le Japon et les autres pays asiatiques grâce au développement du secteur industriel, à commencer par celui de l’industrie manufacturière. De leur côté, les industriels japonais, qui s’intéressent à un marché africain de plus d’un milliard de consommateurs sont désireux de s’implanter sur le continent pour y développer des opportunités commerciales.

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En mars, le pays a alloué 45 millions d’euros pour la paix et la stabilité sur le continent.

Faire en sorte que l’Afrique puisse exprimer pleinement son potentiel pour favoriser sa croissance et sa prospérité bénéficie au Japon ainsi qu’à l’ensemble de la communauté internationale. Aider le continent africain est un devoir qui incombe naturellement à tout membre responsable de la communauté internationale. L’Afrique est désormais riche en potentiel de développement.

Conscients de son potentiel, les pays émergents augmentent leur aide à l’Afrique et les pays européens renforcent leurs liens avec le continent. Dans ce contexte, depuis 1993, le processus de la TICAD a toujours affirmé ses propres principes directeurs : le respect du principe d’appropriation par l’Afrique, le développement des partenariats avec les pays africains ainsi que le respect des engagements pris. Ces derniers ont valu au Japon la confiance des autres nations pour être un pays qui tient ses engagements, grâce à ses efforts constants en faveur de l’établissement d’un programme de développement et de mécanismes de résolution des conflits gérés en propre par l’Afrique, de la promotion de la coopération Sud-Sud, de la coopération entre le secteur public et privé en Afrique, ainsi que grâce à la réalisation de ses engagements pris lors de la TICAD IV pour doubler son aide publique au développement à l’Afrique et soutenir le doublement des investissements directs.

Je me suis rendu en Éthiopie en mars dernier pour participer à la réunion ministérielle préparatoire de la TICAD V ,que je co-préside, afin d’y débattre des questions importantes et des résultats auxquels elle doit aspirer. Cette réunion – qui a rassemblé plus de 1000 participants issus de 52 pays, dont les représentants de 46 gouvernements, mais également de 84 organisations internationales et régionales du secteur privé et de la société civile – a permis des échanges passionnés. De nombreux représentants africains ont exprimé leur résolution de faire en sorte que la croissance actuelle ne soit pas temporaire, et d’en améliorer la qualité pour qu’elle débouche sur une prospérité durable. J’ai ainsi été le témoin d’une Afrique dynamique et sûre d’elle. En outre, convaincu qu’en joignant nos efforts à ceux des pays africains nous apporterons de nouveau croissance et prospérité au Japon ainsi qu’au reste de la communauté internationale, j’ai par ailleurs proposé lors de la réunion d’organiser la TICAD V autour du thème « Main dans la main avec une Afrique plus dynamique ». Ma proposition a été approuvée par l’ensemble des participants.

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En choisissant ce thème, nous montrons notre volonté affirmée de réaliser un plus grand développement de l’Afrique. L’adoption au niveau ministériel des grandes lignes du document final (Déclaration de Yokohama 2013 et Plan d’action de Yokohama 2013-2017), qui précise les orientations concrètes pour réaliser cet objectif, représente d’ailleurs une grande réussite. Mon opinion est qu’il faut que la TICAD V soit l’occasion de stimuler l’espoir en Afrique pour qu’il rayonne sur toutes les populations locales. Je souhaite étudier avec nos partenaires africains les moyens pour renforcer la croissance en Afrique et les solutions pour éviter les écueils qui peuvent la ralentir.

Pour la rédaction de ce document final, j’ai consulté nos partenaires africains ainsi que les représentants des organisations internationales, du milieu industriel et de la société civile. Ensuite, j’ai tenu compte de leurs souhaits et de leurs attentes afin de déterminer les éléments essentiels pour accélérer la croissance en Afrique: réalisation d’une économie reposant sur le secteur privé en vue d’accroître le commerce et les investissements, établissement d’un environnement économique comprenant un système juridique permettant cet essor aménagement des infrastructures pour soutenir la croissance, promotion des cursus menant à l’emploi comme l’enseignement supérieur et la formation professionnelle, développement agricole pour garantir la sécurité alimentaire et améliorer les conditions de vie des populations rurales, renforcement de la capacité à surmonter des fléaux comme la sécheresse, mesures pour répondre au changement climatique et prévenir les catastrophes naturelles mesures pour renforcer le système sanitaire appuyant les années de vie en bonne santé et l’amélioration de la nutrition, renforcement de l’enseignement primaire, création d’une société sûre et pacifique où chacun puisse vivre en toute confiance, etc. 

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Afin de regrouper l’ensemble de ces éléments sous une même ligne directrice, j’ai ensuite proposé les trois mesures suivantes. Tout d’abord, il convient de promouvoir les propres initiatives de l’Afrique, comme l’Agenda pour le développement du continent promu par l’Union Africaine. Il faut ensuite encourager davantage l’intégration des femmes et des jeunes pour assurer le présent et l’avenir du continent. Enfin, par-dessus tout, il faut inculquer et mettre en pratique un principe de sécurité humaine; en d’autres termes, libérer les individus de la peur et du besoin pour qu’ils puissent développer leur plein potentiel. Pour le Japon, c’est ce concept de sécurité humaine qui doit constituer un élément essentiel pour soutenir la vision de l’agenda pour le développement après 2015.

Une croissance économique durable en Afrique ne peut pas être réalisée sans la paix et la stabilité, qui en sont les fondements. La prise d’otages, parmi lesquels des Japonais, qui a eu lieu en Algérie ainsi que l’instabilité dans le nord du Mali et dans le Sahel démontrent de nouveau que les conflits, l’instabilité et le terrorisme constituent des obstacles majeurs au développement et à la croissance. La France et le reste de la communauté internationale soutiennent déjà les efforts africains dans la lutte contre le terrorisme. Avec une même détermination, j’ai annoncé en mars dernier que le Japon allouait 550 millions de dollars (plus de 420 millions d’euros, NDLR) en faveur de la paix et de la stabilité en Afrique. Pour permettre au continent de connaitre un nouvel essor, il est essentiel que la communauté internationale soit unie pour y soutenir les actions en faveur de la paix et de la stabilité.

Conformément à ces orientations, les acteurs publics et privés japonais vont continuer ensemble leur coopération en faveur de l’Afrique. Lors du grand séisme de 2011 dans l’est du Japon, de nombreux pays africains nous ont apporté leur aide et fait parvenir des messages de soutien chaleureux, témoignant ainsi de la profonde amitié qui nous lie. Nous devons renforcer cette relation « main dans la main » qui existe entre le Japon et l’Afrique, pour que cette dernière réalise son développement économique. En tant que ministre japonais des Affaires étrangères, je ferai tout mon possible pour que la TICAD V soit un succès.

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