Chaud, le ramadan !

Fawzia Zouria

Publié le 11 août 2010 Lecture : 2 minutes.

À l’heure du ramadan
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À l’heure du ramadan

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Le saint mois de Ramadan s’annonce sacrément difficile pour le pauv’ croyant. « Au cœur du mois d’août, vous imaginez ! Par temps de sirocco et pas une goutte d’eau sur le palais ! » se lamente ma voisine de Hammamet, celle dont je vous parlais l’an dernier à la même période. « Et ça promet de durer », ajoute-t-elle en comptant sur ses doigts : le carême version canicule durera sept bonnes années au moins, pendant lesquelles il faudra jeûner quelque quinze heures quotidiennement, des jours aussi longs que les nuits cauchemardesques ! Adieu vacances d’été, belles baignades, poursuit ma voisine d’une voix larmoyante. Fini les petits-déjeuners aux beignets et aux figues, les juteuses pastèques qui sont à l’été ce que Dieu est à ses fidèles, un pourvoyeur de bienfaits… Enfin, pas toujours. La preuve ? Le ramadan ! » « Fini le Coca géant qui arrose le repas de midi », enchaîne sa sœur venue passer deux jours chez elle avec deux pastèques, justement, en guise de cadeau. Mon fiancé prétend que le ramadan devrait être comme le Mondial de foot, une fois tous les quatre ans et chaque fois dans un pays différent. » « Arrêtez de blasphémer ! » coupe le mari de ma voisine qui vient de rentrer du boulot exténué, alors même que le ramadan n’a pas commencé.

Ma voisine a décidé de rentrer chez elle à Tunis. Hors de question de faire ramadan dans un bungalow avec des nappes en plastique et des fourchettes d’emprunt. S’il faut souffrir, autant souffrir sur ses vieux sofas et rompre le jeûne avec des couteaux d’héritage. Quant au boulot, elle sait ce qui en sera : « Qui va pouvoir tenir dans un bureau sans eau et sans clim ? Qui va conduire un “louage” la faim au ventre sans précipiter son client dans un ravin ? Et les chantiers ? » « Sûr que pas un maçon ne mettra le nez dehors », reconnaît son mari. « Mon fiancé vient de démarrer la construction d’une usine, reprend la sœur, il a promis une prime à ceux, parmi ses ouvriers, qui ne jeûneront pas. Et puis, vous pensez bien que tout le monde affirmera faire ramadan sans le faire. Si on enlève les 20 % qui s’abstiendront pour motif légitime de vraies maladies, les 15 % qui s’en inventeront de fausses, les 10 % qui contreviendront à la charia par obligation professionnelle, les 30 % qui s’empiffreront en cachette, il ne restera plus grand monde pour jeûner. »

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Et de dresser un bilan catastrophe de l’avenir des Arabo-musulmans pour les dix ans à venir, suivant le calendrier de juin à décembre : arrivée de l’été, vacances scolaires, trente jours de ramadan, deux Aïd successifs, avant les fêtes du Nouvel An. « Si, en plus, l’hiver s’annonce rigoureux, appuie ma voisine, va falloir pousser jusqu’en mars, on ne peut pas travailler quand il fait froid ! » « Après, il ne faut pas s’étonner que le pays traîne en queue de cortège parmi les nations développées », avance la sœur. « Revanche sera prise auprès d’Allah ! » tranche l’homme. Les nations infidèles seront alors à la traîne, pendant que les musulmans mèneront la danse dans l’au-delà ! » Inch’Allah fut le seul mot que je prononçai.

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